dimanche 29 novembre 2009

Minarets et angoisse de castration



L'interdiction des minarets en Suisse révèle une angoisse de castration, sur le plan symbolique. Que faire sinon castrer les mosquées de leurs minarets, un peu comme les esclavagistes qui castraient leurs esclaves et les rendaient eunuques, inoffensifs pour leur harem ou encore les maîtres de plantations américains qui avaient une phobie du Noir, érigé en bête supersexuelle qui traquait les femmes blanches de leur entourage et risquait de pénétrer la femme du maître. Derrière cette phobie, Fanon disait que se cache une psychopathologie qui révèle un complexe d'infériorité sur le plan sexuel, marqué par une angoisse de castration. Il va même jusqu'à parler d'une homosexualité latente chez le blanc négrophobe. Certains pays européens ne veulent pas voir de minarets, en somme des phallus qui représentent un pouvoir mystérieux et étranger, superpuissant, selon leurs phantasmes (c'est-à-dire fantasmes inconscients). Il faut rendre cette entité inoffensive, eunuque et docile, sinon elle va les pénétrer par ses minarets, dessinés par un parti xénophobes comme des missiles qui percent le drapeau suisse. Quelle belle image qui confirme l'hypothèse de l'angoisse de castration ou, plutôt, l'angoisse face à une tentative d'intromission.

vendredi 20 novembre 2009

Natura Rerum

http://macha.artblog.fr/4/



En Amérique du nord, je suis un immigrant, en Afrique du nord, je suis un émigré, il n’y a que dans la mer que je suis moi-même.

jeudi 19 novembre 2009

http://dissidence.libre-octet.org/penser/prison.html

Le Poète et le Tyran


Monsieur le Juge,

le prévenu a-t-il droit à une parole licite?

Comment, alors que vous m'interrompez

exigeant un non ou un oui...

Le droit, je vous le dis, votre Honneur,

Pour nous autres Arabes,

qui sommes Peuple amateur de préliminaires

avant toute réponse!



A présent, vous allez m'écouter...

Le marché, la grand-place, le ventre de la ville

grouillent de cette clameur :

La Justice, en mon pays, est inexistante

La Justice passa et s'en fut

La Justice a rejoint le Sein du Seigneur,

qui fit que nul n'est pérenne

fut-il Magnifique ou Tyran



Ne vous souciez point de ces mots,

Les gens sont saisis de fièvre délirante

et d'hallucinations

J'ai vu, quant à moi, de mes propres pupilles

ce que la cécité des mécréants ne saurait distinguer,

le fin mot de l'histoire :



La justice n'est pas absente,

c'est la cause qui est illusoire,

ou l'accusation, si vous préférez, qui peine à exister

condamnée qu'elle fut à la peine capitale

Nous sommes alors aujourd'hui jugés et condamnés

en manque d'accusation

comme l'Amant est en manque de sa bien-aimée,

Je me consume de désir pour une accusation savoureuse.



Monsieur le juge vénérable

scrutez bien avec moi ces fariboles

exercez votre perçant jugement :

L'on m'accuse d'avoir administré une torgnole

à une dame innocente,

de l'avoir gratifiée d'une ruade,

d'avoir tiré sa chevelure de sirène,

griffé ses joues de pomme rouge,

brisé ses côtes de gazelle...

Comment un poète peut-il commettre autant de fautes de goût?



Notre poète disait

"Nous aimons le pays comme nul ne l'aime"

Je réponds en contrepoint,

"J'aime les femmes comme nul ne les aime"



A toutes les femmes de la terre et des cieux j'ai chanté :

La foudre a tonné sur les contreforts du Kef

Son écho a atteint les confins des terres de Abid

J'ai cru entendre là le tonnerre de Dieu

c'était en fait le rire de ma bien-aimée



A la policière travestie je voudrais dire :

Tu es la bien-aimée, tu es le poème,

mais où se cèle donc la vérité?

Tu fus dure avec moi,

sans répit ni nuance

J'aurais préféré que tu me taxes d'assassin

ou de voleur de tout ce qui fut thésaurisé durant votre règne

Mais rosser une femme? Quel désastre!

Où donc se cèle la vérité?



La vérité est que je me suis aventuré

dans les recoins du palais du dragon

Une promenade devenue cauchemar sans issue

La vérité est que c'est une affaire

entre moi et Zaba le Grand,

souverain du pays

Une affaire qui concerne Hallaj le poète et le Tyran

Charlie Chaplin et le Dictateur

Shéherazade et Shahryar...



Dites à mon geôlier de ne pas se fâcher

Je ne suis, quant à moi, pas en colère

l'esprit en paix

non pas parce qu'innocent,

parce que coupable de l'avoir dépouillé

de ses derniers masques et parures

de l'avoir laissé nu comme un nouveau né

en proie aux moqueurs et aux ricanants



Ceux qui ne sont point familiers du soleil

sont atteint, à la lumière, de glaucome

Le soleil se lève, alors sauve toi, Vampire!

Buveur de sang!

Fuis! Fuis! Et fais ce qu'il te plait

Mes paroles sont libres

comme le souffle de la brise!

Aucune geôle ni aucune cage

ne peut retenir le fugitif qui te parle

de derrière ces barreaux :



Quand la récitation servile

sera étouffée par la Bonne Nouvelle

le Jour venu,

tu seras humble et poli...

Carthage, cette tombe lugubre où manque le cadavre...



L'idiot fléchira pour faire place à l'étendard et à la bataille

Tu lâcheras la bride à la démesure

et n'étouffera point le hennissement de ta monture

Elle porte en sa croupe un combattant...



Plaidoyer du détenu N° 5707

Bloc H, Aile 2, Cellule 2

Prison civile de Mornaguia

Taoufik Ben Brik

vendredi 13 novembre 2009

Chronotope



Le chronotope est le moment précis où l'axe spatial croise l'axe temporel (la quatrième dimension de l'espace) et provoque l'action. Notre vie n'est qu'une suite de chronotopes.

lundi 2 novembre 2009

MOVUTU

www.drame.org







Le nouveau système d'exploitation Movutu arrive bientôt. Il s'agit d'un système révolutionnaire sur tous les plans. Premièrement, le simple fait de l'installer vous épargne les maux et les tracasseries de réussir vos études, de vous trouver du boulot, de gravir les échelons et de briguer des postes de responsabilité, tout cela étant déjà garanti par le système en question. Ainsi, vous vous sentez en totale sécurité et vous aurez droit de regard sur vos voisins qui n'ont pas encore installé Movutu. Vous les inciterez à l'avoir, sinon vous les dénoncerez aux autorités qui prendront les mesures nécessaires et dissuasives pour toute résistance au système Movutu. Le système Movutu vous procure un immense plaisir en mettant à votre disposition un lexique concis et taillé sur mesure pour vous prémunir des attaques externes. Ainsi, les mots : État de droit, Transparence, Démocratie jeune et perfectible, Promouvoir et consolider les acquis de la modernité, renforcer la place et le rôle de la femme dans la société, promouvoir les jeunes, valoriser et mettre en place une structure équitable qui permet d'ancrer les valeurs de la justice dans l'infrastructure routière, etc. Le simple fait d'installer le système Movutu transforme tout en mauve, à commencer par les rues pour finir sur les plateaux de télévision en passant par vos propres sous-vêtements, vos savates, cravates, châles, sacs à main, mascara, etc. Vous arborez fièrement les habits des partisans du movutisme. Vive Movutu et le movutisme et à bas les récalcitrants, les méfiants et les sceptiques qui seront de plus en plus isolés. À bas les movutuphobes, les parasites qui salissent la surface mauve.



mardi 20 octobre 2009

اللّه أعلم

http://boubekeur.blog.lemonde.fr

واحد قاعد علعتبة متاع حانوت الحومة، متعدّي فؤاد المهبول، تلفّتلو القاعد و سألو السّؤال متاع كلّ يوم: يافؤاد، ربّي موجود؟
و فؤاد جاوبو كي العادة و بكل أريحية، هازز يديه للسّماء:
اللّه أعلم.
ضحك الحيطيست، و مولى الحانوت كي العادة إستغفر مولاه.

lundi 7 septembre 2009

الإمام المشفر و بوس اليد

خرج مالخدمة، حبّ يعمل طلّة على جامع العابدين و يصلّي فيه. عجبو المكان أما ظهرلو الإمام يستبله فيهم و يكلّم فيهم كاينهم فروخ صغار. وقت الخروج، شاف النّاس شادّين الصّف، قال برّى نشدّ معاهم و نشوف شفمّا. كي وصل لآخر الصّف يلقى النّاس تنحني و تبوس في يد الإمام النجم المشفّر. لقى روحو في وضع محرج لكنّو إنحنى
بدوره.
العبرة: إذا كان الآخر يستبله فيك، أسأل روحك علاش.

mercredi 2 septembre 2009

صدمة العودة للوطن2

هالتدوينة هاذي تكملة للي فاتت و لي حكيت فيها على صدمة العودة للوطن. بعد ما حكيت على السلبيات توة بش نحكي على النواحي الباهية. الصيف هذا تعرّفت على برشى ناس باهيين، طيبين و كرماء، تفكيرهم متميّز و عندهم طاقات كبيرة مخبية. و من ناحية أخرى تفرهدت في الطبيعة و رجعت لهواية الصيد بالغوص، عشت لحظات حلوة تحت الماء و إندمجت مع عالم البحار. آخر نقطة نحب نحكي عليها هي إيجابيات رمضان في النهار: القهاوي متاع آكلّي مادّين وجوههم نهار كامل مسكّرة و العباد ماعادش تدرّعلك خلايقك بالدخان قال شنوّة حرّيتهم، و النتيجة أنّو الهواء نظاف شويّة و الرّواري رتاحو من التدخين السّلبي، البحر فرغ مالمكبوتين و الهرج و الوسخ قلّو. وممبعد صدمة الرجوع نسنّس روحي بصدمة المغادرة...

dimanche 9 août 2009

صدمة العودة للوطن

الرجوع لتونس ديما يكون مرفوق بصدمة صغيرة )شوك دو رتور( و هالصدمة تدوم جمعة و من بعد تمشي على روحها و يولّي الواحد كي الحوتة فالماء و الشوك يولّي ياسمين. عاد بعد مرور الصدمة، حبّيت نعمل حوصلة على الباهي و الخايب. نبدا بالخايب: السّياقة من سيّء لأسوأ. الضّوّ لحمر ولّى عبارة على صطوب. التّهوّر و السّرعة، الغشّ و التزمير. مالجّمعة اللّولّى شفت واحد مات قدّامي ضربتّو كرهبة. الوسخ: في الشارع و خاصة فالبحر، شيّ ينطّق، لتوّة مالقيتلوش تفسير منطقي أما ذكّرني في قولة كونقولية دموقراطيّة : إلّي يخرا و ممبعد يقعد في بلاصتو، الرّيحة ترجع عليه. الدّين: العودة القويّة للدّين ما بدّلت شيء من النّاس، الشكل تبدّل و المضمون هوّ هوّ، و الدّين ولّى آداة لتغطية العيوب، للحكم على الآخر و إقصاؤو من النخبة الإلاهيّة، لتبرير الكبت و الضغوط النفسية لتشييء المرأة و جعلها مجرّد فرج ناطق و جب كتمه، و هيّ بدورها تساهم فالمشروع و تنطلي عليها الحيلة لتصبح مجرّد فرج يقبع تحت ضغط الغرائز... الباهي توّة: الدنيا سخونة و آنا تعبت مالكتيبة عالكلفي فيرتيال. بش نمشي للبحر و المرّة الجاية نحكي على الحاجات الباهية.

mardi 7 juillet 2009

Chien gayouri


http://www.bloginsolite.com/wp-content/uploads/2008/08/photo-chien.jpg

Un an de blogging déjà. J'en profite pour réchauffer un plat que j'ai posté à mes débuts:


PS: D'après ma petite expérience de blogging, j'ai constaté que plusieurs lecteurs prennent tout au premier degré. Alors je le dis, avec le recul, le texte que vous allez lire comporte beaucoup d'ironie et d'autodérision, inutile de chercher la haute trahison nationale ni le rejet des origines.


Chien gaiouri

Chien gaiouri, chiens arabes

Le chien du couple de touristes allemands a de plus en plus du mal à circuler parmi la foule démente,
à se faufiler entre les jambes de la marée humaine qui déferle sur le trottoir où sont jonchées les étales des échoppes de l’artisanat, les attrape-touristes.
Le chien, essoufflé, essaie d’accélérer, traîne parfois, gêné par ces gens bruyants et par cette foule tonitruante.

Il n’en peut plus, la canicule lui brûle la tignasse, c’est du jamais vu.
Ici, tout est différent, les odeurs, la chaleur, le manque d’eau, les mouvements, etc.
Il est stressé, mais de peur de perdre ses maîtres, il prend son courage entre ses pattes et tente de tenir le coup.

Tout d’un coup, le pire arrive.
La dame échappe la laisse, et le chien se perd dans la foule.
Il jappe par petits coups, mais semble déjà loin.
Il se met à courir, mais ne prend pas la bonne direction pour se retrouver, quelques rues plus loin, dans un coin vide.

Il y a bien trop d’odeurs pour qu’il puisse détecter celles de ses maîtres.
Epuisé et découragé, mais surtout apeuré, il se cache derrière une grosse poubelle exhalant une odeur nauséabonde qui lui fait oublier le parfum de son shampooing et l’odeur de sa loge enrobée de satin dans lequel il avait l’habitude de se rouler avec le plus grand plaisir.

Soudain, deux chats dont un sans queue surgissent de la poubelle et bondissent à ses côtés.
Le plus gros des chats, un matou, le lorgne et lui montre ses dents. Le chien, effrayé, recule et pousse un petit cri de secours.
Le chat avance et le chien comprend le message. Il faut qu’il dégage de là.
Il n’est pas sur son territoire. Alors, il court, il court, lâche ses pattes au vent malgré l’exténuation, jusqu’à ce qu’il atterrisse dans un hangar abandonné.
Là, il peut se reposer en toute paix. Mais le calme ne dure pas longtemps.

A peine ferme-t-il les yeux, qu’un aboiement terrifiant retentit dans ce terrain vague.
Il ouvre les yeux et son cœur bondit et faillit s’arracher de sa loge.
Quatre chiens très maigres mais coriaces l’entourent.
Ils le regardent en se demandant ce que peut bien être ce genre d’animal.
C’est comme un chien sans l’âme d’un chien.
Le chef du groupe est un mâtin borgne qui perdit un œil lorsqu’il sauta sur la fesse d’un homme en short, le mordit et ne voulait pas le lâcher, les gens vinrent et un d’entre eux qui portait une carabine à oiseaux lui tira un coup.
Personne n’avait compris pourquoi le chien attaqua avec hargne le pauvre monsieur. Certains disaient qu’il serait atteint de rage, d’autres arguaient que le monsieur l’avait peut-être provoqué, mais il y en eut un, un vieux professeur de philosophie, qui attestait d’une crise existentielle canine.
Ce borgne s’avance à pas décidés et fait le tour de la bête apeurée de voir de telles créatures qui sentent fort et dont le regard lui transperce la rétine.
Le chien arabe s’approche de lui d’un coup et commence à lui renifler le derrière.
Les choses se sont déroulées très vites.
Les quatre chiens ont tiré leurs coups et abandonné le pauvre touriste pour repartir d’où ils sont venus, c’est-à-dire la rue.

Le chien allemand a du mal à avancer, c’est bien la première fois qu’une telle situation lui arrive.
Castré, ce dernier n’a jamais connu les plaisirs de l’amour et les chiens arabes ne savaient pas trop s’ils avaient affaire à un mâle ou à une femelle, mais étant donné qu’ils ne voulaient pas se couper les poils en quatre, ils se sont vidés les calebasses comme il faut.

Deux jours passent, et le chien allemand essaie tant bien que mal de trouver où passer la nuit sans se faire attaquer par la foule de gamins qui jouent sans arrêt, ni par les chats, chiens, rats et toutes sortes d’animaux bizarres et sauvages.
Mais le pire est encore à venir. Deux gamins, en plein midi, il fait 45 degrés à l’ombre, tracent le chien qu’ils trouvent différent.
Kelb gaiouri ! Un chien occidental, crient les gamins tous contents de trouver quelque chose d’exotique.
Ils ont trouvé leur cible idéale et commencent à tirer des coups de pierres avec leurs élastiques coincés entre le pouce et l’index.
Le chien reçoit les coups et essaie de courir de plus en plus vite, mais à la fin, un coup l’atteint à l’oreille gauche et le fait sonner.
Une blessure profonde lui jonche l’arrière du lobe auriculaire.
La douleur est insupportable mais le chien ne songe qu’à se cacher pour éviter d’autres blessures.
Il finit par se terrer derrière un réfrigérateur abandonné et rouillé jusqu’aux os, mais les gamins réussissent à le retrouver. Soudain, surgi de nulle part, le chien borgne grommelle et fait mine d’attaquer les deux gamins qui prennent la fuite sans se retourner.

Une semaine est passée et le chien allemand commence à s’habituer à son nouveau milieu et à ses nouveaux compagnons, les quatre chiens.
Un matin, deux messieurs s’approchent du quartier général des chiens errants en tenant des cages en bois et des bâtons.
Les chiens prennent la fuite et le dernier à courir est le chien allemand qui finit par tomber dans les mains des deux chasseurs.
Ces derniers le ramènent à ses maîtres et empochent la récompense.

Malgré la blessure, la saleté du chien et son regard absent, le couple de touristes est aux anges et ne cesse d’embrasser leur enfant chéri.
Mais à peine la dame le pose-t-elle sur le sol que ce dernier prend la fuite pour rejoindre ses amis et retrouver la rue et ses odeurs…

samedi 20 juin 2009

Roberto Benigni et la prise d'otages

D'une manière générale, je ne parle pas beaucoup des spectacles auxquels j'assiste, mais quand il y en a qui sortent du lot, la règle change. La semaine dernière, j'ai vu le dernier spectacle one man show de Roberto Benigni intitulé Tutto Dante. La salle était comble et le comédien n'a pas tardé à accrocher l'attention du public et lui décrocher des rires spontanés en tournant en caricature l'histoire de la ville de Québec avant de bifurquer sur les affaires intimes de Berlusconi. J'ai bien ri au début, mais je me disais : en voilà un qui, à son tour, cède aux blagues faciles et parle de potins pour amuser la galerie, rien d'extraordinaire. Mais ma déception n'a pas été longue quand Roberto a commencé à parler de Dante et de sa Divina commedia. Le rire a disparu et la foule ne savait pas comment réagir. Les gens avaient le sentiment d'être pris au piège. Le spectacle d'humour a viré à une explication des vers de Dante et de sa rhétorique et ce jusqu'à la fin où le comédien conclut par une lecture magistrale du texte qu'il considère comme le fondement de la modernité. J'ai trouvé l'idée originale même s'il n'a fait que paraphraser Dante à sa façon sans trop chercher à créer une situation. Mais ce que j'ai le plus apprécié, c'est de prendre les gens en otages pour leur parler de culture et de mythologie à leur insu, après une petite entrée people.

vendredi 5 juin 2009

الخمر و الخمار


كلّ مرّة نقول هذيّة آخر مرّة نحكي فيها على الدّين و هذه حرّيات فرديّة. و لكنّ و قتلّي ها الحرّيات تولّي دغمائيّة جماعية و يجيوا فقهاء سفسطائيّن(4:36|5:54) يستعملوا حجج مشبوهة و متناقضة، ماعادش إنّجّم نسكت. قالّك الخمار من الخمر، متفاهمين. أما الرّبط بين الخمر كخمار للعقل و المنطق إلّي يدلّ على إلّي الخمار يجي على الرّأس، موضع العقل، هاذيّة العقل مايقبلهاش. معنتها، كيما الخمر يغطّي العقل و يذهبه، تغطّي المرأة عقلها لتذهبه بالخمار. تبّعوا مليح هذا السيلوجيسم . إذا كان الخمر محرّم على خاطرو يغطّي العقل، فالخمار كذلك وجب تحريمه. و إذا كان الخمار مفروض لأنّه يستر العقل، فالخمر وجب فرضه. ملّ معضلة.
باللّه الجماعة إلّي بش يبداو يسبّوا و يورّيوا إلّي هوما بمستواهم الهابط و لسانهم إلّي ما يتفوّه كان بعبارات القذف و الشّتم من توّة أسكتوا خير على خاطر تبرهنوا إلّي المدافعين على هالقضيّة ماعندهم كان هالأسلوب هذا و هو أكبر دليل على إنّي قضيّة فارغة و تحمل في طيّاتها كمّ هائل من الكبت الجنسي و الإنحراف الأخلاقي.

samedi 30 mai 2009

Lettre ouverte à Monsieur Le Premier ministre du Canada

M. Le Premier ministre du Canada, 

Permettez-moi d'attirer votre attention sur la triste réalité qui touche une partie des citoyens canadiens. Désormais, il ne suffit pas d'avoir le passeport canadien pour passer les frontières américaines. Si on a le malheur d'être né dans un pays « suspect », il faut amener avec soi son passeport « d'origine », le vrai, étant donné que le second n'est q'un paraître, une parade, et subir deux heures d'interrogatoires et de fouille minutieuse... 
Ce n'est pas le simple citoyen canadien qui doit être insulté devant de tels agissements, mais bien le gouvernement canadien, parce que sa souveraineté se trouve bafouée, parce qu'on tamponne des visas d'entrée américains sur les passeports de ses citoyens de « seconde zone ». Je blâme moins les État-Unis que le gouvernement canadien qui doit garantir tous les droits à ses citoyens sans exception à l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières.
 
Merci de bien vouloir vous pencher sur le sujet au lieu de vous pencher devant le voisin.   

mardi 26 mai 2009

Ligne de fuite


www.entente-gisorsienne.org/Images/cyclisme.gif

(Je reprends ici un texte que j'ai posté l'été dernier)
Les lignes de la route sinueuse filent, défilent et finissent par se rejoindre en un tracé flou qui échappe au regard fixe pour n’être qu’une ligne de fuite, vers un ailleurs indéterminé, terminé, vers un univers sans attaches, taches, ni brides, sans encombres, ni manières, sans relâche, lâches, ni points sombres, ombres, sans lisière ni absence torride, rides, des scarabées dans le vide, des mots sur des lignes, des lettres éparpillées, M, A, T, S… vers un infini, fini, ces lignes de fuite…


Le cœur bat de plus en plus fort à mesure que les jambes s’alternent, s’abattent et battent sur les bouts de métal, formant des cercles parallèles, invisibles à l’œil nu, mais que seul la ligne de fuite restitue, tue, les yeux pleurent à mesure que le vent se met en colère, de plus en plus frais, et la descente de plus en plus raide, défier le temps, en allant plus vite que lui, défier le vent en le transperçant de coups de pédales réguliers et ordonnés comme des soldats lavés, défier la pesanteur sur ce squelette de carbone, encore plus léger que le vent et qui lève comme les petites jupes pour montrer l’inconsistance de l’existence, la fragilité de l’âme, aiguisé comme une lame qui coupe le temps en deux.

Recroquevillé, les coudes formant deux carrés suspendus, le dos tourné au ciel, tel un animal qui fonce, agrippé sur cette machine légère, gère, coincée entre le bassin et les bras, comme on tient une femme jusqu’au râle final, jusqu’à l’extase du corps du mâle, et la fuite de la dame après le ratage, sans âge.

Il arrive à destination, nation, de l’errance, aporie de l’univers, vers, où s’entassent les bateaux prêts à prendre, rendre, la mer et jeter les voiles.
Il se faufile avec l’agilité d’un lynx dans les dédales de ces monstres triomphant par leur équilibre au sol, malgré la ligne de fuite, Thésée est prêt à affronter les cimes tendues, regarde de bas en haut s’élever le dérive, rive, qui semble soutenir la coque et le mât qui trône et dont la corde bouge au gré des vents, taureau qui a hâte de se détacher et de regagner son arène pour le combat, bat, final, mais ce prince des nuées majestueux comme il est ne peut se libérer.

Reprendre, rendre, route, chemin du retour, tour, suivre, ivre, les mêmes lignes, vélo exténué, nuées, mais genoux pistons s’activent, vent, pour fuir la tempête qui s’abat, colère de la reine de Saba.

mercredi 20 mai 2009

Bloguer ou bloquer

Sans moi et & sans vous: www.oliviergingras.com/peinture/


Parler ou se taire, avancer ou s’immobiliser, se lancer ou s’agripper, s’écrouler ou rebondir, réfléchir ou dormir, penser ou dé-penser, marquer ou marcher, changer de cap ou enjamber les haies, courir ou flâner, prendre ou comprendre, agir ou subir, tenir ou détenir, venir ou devenir, s’attacher ou se détacher, Bloguer ou bloquer? Là est la question!

jeudi 14 mai 2009

خنازير و لو طاروا



نحبّ نفهم علاش الإعلام العربي يصرّ على إستعمال تسمية إنفلونزا الخنازير برغم إلّي المنظّمة العالميّة للصّحة و بعدها الإعلام الدولي و لّاو يستعملو كلمة إنفلونزا أ

samedi 9 mai 2009

Arabophobie et francophilie

Voici ma petite intervention lors d'un colloque sur la francophonie et remarquez le discours de certains universitaires francophones, c'est désolant:

Débat de la 4e séance from CELAT on Vimeo.

mardi 21 avril 2009

Con-plexe de supériorité

A propos de la conférence de Durban sur le racisme, le journal Libération rapporte que

« le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner est également venu à la rescousse ce mardi, estimant que la conférence n’était «pas du tout un échec mais le début d’un succès». Alors que Durban I avait vu un «déferlement de racisme», Durban II s’apprête à adopter «un texte où figure tout ce que nous souhaitions, tout ce que les pays occidentaux souhaitaient» même si «ce n’est pas parfait» »

Voici comment l'Occident s'embourbe de plus en plus dans la bulle de son complexe de supériorité, une bulle qui lui éclatera à la figure un jour pour découvrir qu'il est minoritaire sur cette terre et qu'il doit composer avec d'autres doctrines... 

Johnny Mad Dog



La 25e édition du Festival Vues d'Afrique a lieu en ce moment du 16 au 26 avril 2009 à Montréal et à Québec. Ici, à Québec, je déplore le manque de publicité et surtout l'absence ô combien traditionnelle des cinéphiles africains au musée de la civilisation où sont projetés plus d'une dizaine de films avec la présence de certains des réalisateurs, suivis de débats. Hier, j'ai eu l'occasion de voir Johnny Mad Dog précédé du court-métrage C'est dimanche de Samir Guesmi qui est une excellente fiction tragi-comique. Le film de Jean-Stéphane Sauvaire, produit par Mathieu Kassovitch, présente une belle fiction, percutante, troublante, sur la vie des enfants-soldats au Libéria. Le traitement qui évite de tomber dans la complaisance ni dans la condamnation dépeint des portraits d'enfants enragés, camés et armés jusqu'aux dents avec un seul but: tuer, violer et piller. Je ne peux pas ne pas penser au roman d'Ahmadou Kourouma Allah n'est pas obligé, même si le traitement y est différent. À la différence du livre, il n'y a pas de place pour l'ironie dans ce film, mais pour une réalité crue et pour un certain regard porté sur les enfants-soldats qui sont, après tout, des enfants. Et c'est là que le travail du cinéaste prend son envol. Malgré cette rage, il existe une certaine sensibilité qui parfois prend un peu de place avant de laisser la mort parler. La photo est sublime, les habits carnavalesques mais bien réels, le jeu des acteurs est juste parce qu'il n'est pas feint (les acteurs sont d'anciens enfants-soldats). Je suis sorti de la salle enchanté par cette oeuvre et désenchanté par la réalité morbide.

vendredi 17 avril 2009

Bombardements sur la Tunisie

www.monstersandcritics.com

Voici un texte que j'ai écrit il y a plus de quinze ans et que j'aimerais partager dans cet espace.


La nuit s’abattit très rapidement ne laissant pas au crépuscule le temps de dévoiler ses ailes de couleurs. Les petites rues de la station thermale dans laquelle nous avions pris l’habitude de louer une maison se vidèrent brusquement. J’étais seul dans la maison ; ma famille s’apprêtait à venir le lendemain. Je m’étendis sur le dos pour me coucher. J’étais mort de fatigue après une journée d’exploration dans les montagnes. Soudain, un bruit assourdissant secoua la nuit et me fit sursauter de mon lit. J’étais effrayé et mon pouls battait comme des coups de cymbale. Je repris enfin mon souffle en me disant que ce ne devait être qu’un de ces cauchemars qui me visitaient une ou deux fois par an. Je fermai ainsi les yeux et mon corps reprit sa position de fœtus, mais dès que le sommeil commençait à engourdir mes membres, un deuxième coup retentit dans la nuit. Ce fut un coup plus fort et plus assourdissant que le premier d’autant plus que j’étais à moitié réveillé. Il ressemblait à un bruit de tonnerre. Non ! je dirais plutôt à une bombe. Une bombe ? non ! non! C’est absurde ! ça doit être la carrière de pierres qui est de l’autre côté de la colline…
Cette idée me plaisait beaucoup et je réussis à me calmer, mais tout de suite après, je me rappelai que cette carrière était abandonnée depuis longtemps. A nouveau la peur m’écrasa la poitrine…un troisième coup. Le ciel semblait s’émietter en morceaux. J’avais envie de sortir voir ce qui se passait, mais la peur me paralysait et je ne pouvais que respirer par saccades. C’est la guerre ! me dis-je. J’entendis des bruits de machines ; ça doit être des chars d’assaut. Je me figeais encore plus dans mon lit… un quatrième coup retentit et fit vibrer les murs de la pièce et de mon cœur. Un silence. L’atmosphère devenait lourde. J’étouffais, mais j’étais curieux de voir la suite. Un instant après, j’entendis le bruit d’un hélicoptère qui passait juste au-dessus de ma tête. C’est la fin. Ça doit être les Israéliens qui nous bombardent comme ils l’ont fait en 1985. Mais est-ce possible ? Il n’y a pas de Palestiniens dans ce coin ! Un cinquième coup retentit. Mes oreilles auraient voulu se retrancher. C’était un bruit lourd à digérer tant par ses décibels que par son mystère.
Je revoyais toutes les images de guerre qu’on nous montrait à la télé et je priai Dieu le tout puissant. Je ne voulais pas mourir à l’âge de quatorze ans ; j’avais encore beaucoup de choses à découvrir dans ce monde. Paralysé par la terreur, je regardais le toit qui risquait de s’effondrer à tout moment et d’écraser ma petite cervelle d’adolescent… un deuxième hélicoptère passa. Je fermai les yeux et avalai ma salive. Ce sont peut-être les Français qui veulent récupérer leur ancienne terre colonisée depuis 1881. Non ! C’est absurde ! Depuis l’indépendance, on s’entend très bien avec la France. Que se passe-t-il alors ? Dois-je mourir sans savoir pourquoi ni comment ? Est-ce que la vérité va nous jouer un autre tour et échapper encore une fois de nos mains?
Cette fois-ci, j’entendis une rafale de balles de mitraillette. C’est la mort, c’est la fin ! Je pensais un moment que les Américains cherchaient Saddam Hussein. Non ! mais qu’est ce qu’il vient faire en Tunisie, ou bien ça doit être l’armée tunisienne qui combat les terroristes ? non ! c’est impossible ! Il n’y a pas de terroristes en Tunisie? Ils se sont peut-être introduits par la frontière algérienne…
Je tendis les oreilles. Plus rien. Le grand silence. Je ne pouvais plus dormir de peur de mourir. Je voulais m’enfuir, mais où ? Attente…angoisse… je regardais ma montre. Il était 4 h du matin. Je me levai sur la pointe des pieds. Je regardais par la fenêtre. Le fil blanc perçait déjà la noirceur du ciel et l’aube baillait et s’étirait les membres. Tout était calme dehors. Il n’y avait pas de traces de bombardement. Avais-je rêvé ? Tout ce vacarme n’était qu’illusion, que fiction? Je me précipitai de sortir pour m’assurer de ce songe. Je parcourais des yeux le lieu. Il n’y avait rien. Je me dirigeai vers la colline qui cachait l’immense paysage de forêt. Une fois là-haut, je me mettais à scruter les lieux et ma surprise fut stupéfiante de voir devant moi une série de chars parfaitement alignés. Ils visaient les collines d’en face. J’avais encore des doutes, mais tout se dissipa quand un soldat surgit tout d'un coup. Je ne l’avais pas vu venir. Je sursautai. Il souriait. Bonjour ! il n’y a pas d’épicier dans le coin ? je meurs de faim. Je restais perplexe ne sachant quoi répondre, puis je balbutiai quelques mots. Il ne me comprit pas. Je repris mes esprits et tendis le bras en direction de la carrière, mais, tout de suite après, je me repris et je lui indiquai la bonne direction cette fois-ci. Il me remercia et se dirigea tout droit vers le village de chaux. Je rebroussai chemin en pensant à tous les événements de la veille, puis j’éclatai de rire et je me rappelai qu’il y avait une caserne pas très loin du village et que c’était la période des essais militaires.


vendredi 10 avril 2009

Les peuples dominés et la notion d’habitus



Je ne prétends pas apporter une nouvelle théorie du maître et son esclave ni de la logique du pouvoir, mais à voir les scores des élections des régimes dictatoriaux qui frôlent l’unanimité parfaite, je me dis que plus jamais les peuples qui vivent sous ce genre de gouverne sont pris jusqu’à la moelle par un sentiment d’habitus dont ils ont tout le mal du monde à se défaire. Et là, le blâme est moins tourné vers le pouvoir, ou l’homme du pouvoir que vers le troupeau qui consent à laisser le loup le guider vers l’abîme. Pourquoi un tel comportement suicidaire? Et bien c’est l’habitus. Cette notion étayée dans les sciences sociales par Pierre Bourdieu se présente comme une disposition de l’esprit à garder le même état, la même situation héritée et de la perpétuer jusqu’à un infini abyssal. La seule action de cet habitus consiste à courber l’échine et à laisser faire arguant de la maxime qui dit : contente-toi de ton mal pour éviter d’en avoir un pire. Tiens, cela me rappelle la réaction (ou l’inaction) des femmes battues.

jeudi 2 avril 2009

Conversation type avec un citoyen typique

Voici une conversation typique avec ce qu'on appelle un citoyen moyen. Sans vouloir généraliser, ce genre d'échange devient un automatisme, et je prépare la réponse avant même la question. Après huit ans de vie ici, j'ai déjà eu ce genre de conversation une centaine de fois.

- Tu n'es pas d'ici toi!
- Réponse attendue: non. Réponse donnée: oui et non.
- Tu es originaire d'où?
- Réponse attendue: Maghreb, Afrique du nord. Réponse donnée: Tunisie.
- Ah. Et tu es ici depuis combien de temps?
- Réponse attendue: depuis quelques mois. Réponse donnée: Depuis près de dix ans?
- Ah ouaih! et... tu aimes bien ici?
- Réponse attendue: c'est trop génial, c'est ici que je vis le mieux, avant, je mourais de faim chez moi. Réponse donnée: oui... ça va, on s'habitue avec le temps, et puis, Québec, après tant d'années, est dvenue ma ville. Et toi, tu aimes bien ici?.
- (Surpris de la question, comme si interroger l'autre était un droit irréversible). Euh... oui, oui, mais l'hiver je pars en Floride. Dis-moi (pour reprendre les commandes), est-ce que tu comptes rester ici?
- Réponse attendue: non, je rentre chez moi. Réponse donnée: je ne sais pas. Et toi, tu comptes rester ici?
- (Encore surpris, voire déstabilisé par la question). Euh... hahaha, je n'y ai pas pensé... (rires gênés). Hey (il monte le ton pour prendre le dessus), chez vous là, tu sais comment on dit divorcer? (rires).
- Réponse attendue: non, dis-moi comment. Réponse donnée: é machalait, é machal pu.
- (Rires gênés). Oui, oui, avec l'accent, hihihi... Dis-moi, t'as-tu lu ton coran?
- Réponse attendue: oui, et c'est de la merde. Réponse donnée: et toi, t'as lu ta bible?
- (Déstabilisé) Euh... oui, et j'ai lu le coran et... je trouve que c'est correct les deux... Non je te dis ça comme ça. Parce que je vois que tu ne bois pas.
- Je n'en ai pas envie. 
- Oui, oui, c'est correct... Hey, tu sais, j'ai rien contre les immigrants, mais ostie, y en a qui me font chier.
- Ok, et est-ce que j'en fais partie.
- Non, non t'es ben correct. J'ai rien contre les musulmans. Mais, ceux qui parlent pas français, essti qui m'énarvent... Pis, ils menacent not' identité francophone.
- Non, je trouve que la langue est un faux problème, parce que la majorité des immigrants parlent très bien français et le peu d'entre eux qui ne le parlent, sont en train d'apprendre dans les cours de francisation qu'offre le gouvernement.
- Avec notre argent.
- Bah, c'est le prix à payer pour protéger sa culture. Je pense que le vrai problème est que les jeunes d'ici se moquent des études et préfèrent avoir un petit boulot. Cela crée des pénuries dans les emplois spécialisés, on va chercher des immigrants qualifiés... Sais-tu que les deuxième et troisième cycles dans les universités sont à 60 % remplis d'immigrants alors que dans la société ceux-ci ne représentent que 10 % à peine? Imagine si, dans 20 ans, les choses continuent à ce rythme, l'élite sociale sera faite essentiellement d'immigrants. Donc, le danger ne vient pas de ces derniers, mais de l'intérieur, du décrochage scolaire, et du désintérêt pour les carrières et les ambitions.
(Le citoyen moyen est bleu.... et décide de ne plus me poser de questions).

PS: Quand je parle de citoyen moyen, je ne spécifie pas une classe sociale, basée sur des données économiques, mais je parle de moyen intellectuellement ce qui se trouve aussi bien chez le plombier que chez le professeur d'université, et le contraire aussi est vrai, sans vouloir généraliser.      

mercredi 25 mars 2009

Le compte rendu



Il prend sa place dans ce métro bleu qui glisse nonchalamment dans les entrailles de la ville. À cette heure de la journée, la foule est déjà affairée ailleurs. Il regarde sa montre, 10h30, il n’est pas pressé et, après plus de deux mois passés seul dans le Grand Nord, il a envie de socialiser. Il regarde le jeune homme assis à côté de lui et, voyant que ce dernier a la tête plongée dans ses documents, lui demande gentiment ce qu’il fait avec tous ces papiers qui semblent l’absorber. Le jeune homme répond malgré lui :
- Je... en fait, je prépare mon rapport de stage que je dois rendre demain à mon directeur.
- Ah. Ok, tu m’excuses alors si je t’ai dérangé!
- Oh, non, non, pas du tout. La curiosité ne m’a jamais posé problème.
- Donc tu es stagiaire.
- Pas tout à fait, non. Je suis en master et j’ai fait un travail sur le compte rendu des chercheurs d’université sur les programmes de subventions gouvernementales.
- Donc, si je comprends bien, tu fais un compte rendu sur leur compte rendu.
- Oui, on peut dire ça, oui.. c’est marrant... (rires).
- Et leur compte rendu vise quelle instance du gouvernement?
- Les haut-fonctionnaires qui se chargent des programmes de subventions.
- Ok, ok. Et ton directeur, il est pressé à ce point?
- Oui, parce qu’il doit déposer sa demande de subvention et a besoin d’inclure mon rapport de stage comme activité de recherche et d'encadrement.
- Et il va déposer sa demande auprès des haut-fonctionnaires chargés des subventions pour évaluer son dossier, c’est ça?
- Exactement.
- Heum! Intéressant tout ça. Alors, si je récapitule, les prof évaluent les haut-fonctionnaires, toi, tu évalues le travail des profs, ton prof évalue ton travail, et les haut-fonctionnaires évalueront son travail?
- C’est drôle, je n’y avais jamais pensé, mais c’est tout à fait ça.
- Donc, les haut-fonctionnaires s’évaluent eux-mêmes en fin de compte.
- Oui, en fin de compte rendu (rires).
Les portes du métro s’ouvrent, le jeune étudiant se presse de sortir et salue son voisin avec un grand sourire.


mardi 17 mars 2009

Le pape est un danger pour l'Humanité



Benoît XVI déclare, lors de sa visite au Cameroun, que l'utilisation du préservatif «aggrave le problème» du sida. Les préservatifs déclarent, à leur tour, que le Pape est un danger pour l'Humanité, et que ses paroles aggravent le sida des esprits.

lundi 16 mars 2009

Abdelkébir Khatibi est bien vivant



Je n'aime pas les oraisons funèbres, de par leur caractère funèste et factice, mais je me dois de dire quelques mots sur cet intellectuel dont le corps s'est tu, mais dont l'œuvre résonnera le plus loin possible dans l'univers des signes. Abdelkébir Khatibi vient d'achever son œuvre poétique et philosophique, il vient d'immortaliser "la bilangue" et "la différence intraitable", après avoir greffé "l'intersémioticité" du "tatouage", du "tapis" et de "la calligraphie" par "le graphe" de l'esprit, le graphe du transcrit, du mobile, par "le signifiant" sans fin, un signifiant ouvert et éclaté. Merci Khatibi pour cette œuvre, pour cette beauté et repose en paix parmi les grands de ce monde.