vendredi 17 avril 2009

Bombardements sur la Tunisie

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Voici un texte que j'ai écrit il y a plus de quinze ans et que j'aimerais partager dans cet espace.


La nuit s’abattit très rapidement ne laissant pas au crépuscule le temps de dévoiler ses ailes de couleurs. Les petites rues de la station thermale dans laquelle nous avions pris l’habitude de louer une maison se vidèrent brusquement. J’étais seul dans la maison ; ma famille s’apprêtait à venir le lendemain. Je m’étendis sur le dos pour me coucher. J’étais mort de fatigue après une journée d’exploration dans les montagnes. Soudain, un bruit assourdissant secoua la nuit et me fit sursauter de mon lit. J’étais effrayé et mon pouls battait comme des coups de cymbale. Je repris enfin mon souffle en me disant que ce ne devait être qu’un de ces cauchemars qui me visitaient une ou deux fois par an. Je fermai ainsi les yeux et mon corps reprit sa position de fœtus, mais dès que le sommeil commençait à engourdir mes membres, un deuxième coup retentit dans la nuit. Ce fut un coup plus fort et plus assourdissant que le premier d’autant plus que j’étais à moitié réveillé. Il ressemblait à un bruit de tonnerre. Non ! je dirais plutôt à une bombe. Une bombe ? non ! non! C’est absurde ! ça doit être la carrière de pierres qui est de l’autre côté de la colline…
Cette idée me plaisait beaucoup et je réussis à me calmer, mais tout de suite après, je me rappelai que cette carrière était abandonnée depuis longtemps. A nouveau la peur m’écrasa la poitrine…un troisième coup. Le ciel semblait s’émietter en morceaux. J’avais envie de sortir voir ce qui se passait, mais la peur me paralysait et je ne pouvais que respirer par saccades. C’est la guerre ! me dis-je. J’entendis des bruits de machines ; ça doit être des chars d’assaut. Je me figeais encore plus dans mon lit… un quatrième coup retentit et fit vibrer les murs de la pièce et de mon cœur. Un silence. L’atmosphère devenait lourde. J’étouffais, mais j’étais curieux de voir la suite. Un instant après, j’entendis le bruit d’un hélicoptère qui passait juste au-dessus de ma tête. C’est la fin. Ça doit être les Israéliens qui nous bombardent comme ils l’ont fait en 1985. Mais est-ce possible ? Il n’y a pas de Palestiniens dans ce coin ! Un cinquième coup retentit. Mes oreilles auraient voulu se retrancher. C’était un bruit lourd à digérer tant par ses décibels que par son mystère.
Je revoyais toutes les images de guerre qu’on nous montrait à la télé et je priai Dieu le tout puissant. Je ne voulais pas mourir à l’âge de quatorze ans ; j’avais encore beaucoup de choses à découvrir dans ce monde. Paralysé par la terreur, je regardais le toit qui risquait de s’effondrer à tout moment et d’écraser ma petite cervelle d’adolescent… un deuxième hélicoptère passa. Je fermai les yeux et avalai ma salive. Ce sont peut-être les Français qui veulent récupérer leur ancienne terre colonisée depuis 1881. Non ! C’est absurde ! Depuis l’indépendance, on s’entend très bien avec la France. Que se passe-t-il alors ? Dois-je mourir sans savoir pourquoi ni comment ? Est-ce que la vérité va nous jouer un autre tour et échapper encore une fois de nos mains?
Cette fois-ci, j’entendis une rafale de balles de mitraillette. C’est la mort, c’est la fin ! Je pensais un moment que les Américains cherchaient Saddam Hussein. Non ! mais qu’est ce qu’il vient faire en Tunisie, ou bien ça doit être l’armée tunisienne qui combat les terroristes ? non ! c’est impossible ! Il n’y a pas de terroristes en Tunisie? Ils se sont peut-être introduits par la frontière algérienne…
Je tendis les oreilles. Plus rien. Le grand silence. Je ne pouvais plus dormir de peur de mourir. Je voulais m’enfuir, mais où ? Attente…angoisse… je regardais ma montre. Il était 4 h du matin. Je me levai sur la pointe des pieds. Je regardais par la fenêtre. Le fil blanc perçait déjà la noirceur du ciel et l’aube baillait et s’étirait les membres. Tout était calme dehors. Il n’y avait pas de traces de bombardement. Avais-je rêvé ? Tout ce vacarme n’était qu’illusion, que fiction? Je me précipitai de sortir pour m’assurer de ce songe. Je parcourais des yeux le lieu. Il n’y avait rien. Je me dirigeai vers la colline qui cachait l’immense paysage de forêt. Une fois là-haut, je me mettais à scruter les lieux et ma surprise fut stupéfiante de voir devant moi une série de chars parfaitement alignés. Ils visaient les collines d’en face. J’avais encore des doutes, mais tout se dissipa quand un soldat surgit tout d'un coup. Je ne l’avais pas vu venir. Je sursautai. Il souriait. Bonjour ! il n’y a pas d’épicier dans le coin ? je meurs de faim. Je restais perplexe ne sachant quoi répondre, puis je balbutiai quelques mots. Il ne me comprit pas. Je repris mes esprits et tendis le bras en direction de la carrière, mais, tout de suite après, je me repris et je lui indiquai la bonne direction cette fois-ci. Il me remercia et se dirigea tout droit vers le village de chaux. Je rebroussai chemin en pensant à tous les événements de la veille, puis j’éclatai de rire et je me rappelai qu’il y avait une caserne pas très loin du village et que c’était la période des essais militaires.


1 commentaire:

  1. Ah bon, on a des chars qui fonctionnent nous ? Je croyais qu'ils servaient de décor .

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