dimanche 31 août 2008
فرانسا تفلس
vendredi 29 août 2008
Le voile islamique
jeudi 28 août 2008
Le fou et le sage
lundi 25 août 2008
Kermou5a Bourassine et Mozart
- T’écoutes quoi?
3li s’avance vers Kermou5a et se rassoit à côté de lui sur la bordure du trottoir bariolé dans un geste que lui seul et ses compagnons de misère savent accomplir, avec une agilité digne de susciter l'envie des meilleurs équilibristes. Il se retrouve en korfoussa dans un naturel inébranlable, un naturel que même les pires cyclones n’oseraient déranger de peur de déroger aux règles du quartier.
- J’écoute du Sébastien Bach, avance Kermou5a qui semble absorbé par ce qui découle dans ses oreilles au bout des fils blancs du lecteur imitation ipod acheté au souk Sidi Me7rez pour 10 dinars en promettant au vendeur, son ami d’enfance, de lui avancer 5 dinars en fin de semaine puisqu’il compte faire quelques jours avec Lasaad le peintre en bâtiments qui rafle la quasi-totalité des contrats du quartier.
- Pffff.
- Quoi! t’aime pas Bach? réplique Kermou5a insulté de la moue disgracieuse de son ami.
- Non, c’est pas ça, c’est le clavecin que j’aime pas. Je préfère Mozart, ça bouge plus, ça me donne de l’énergie.
- Et bah justement, là il n’y a que ça. Finit Kermou5a, le balafré, le double tête - bourassine - comme on l’appelle à cause de son immense front qui semble tendre vers l’infini, par lâcher, exaspéré et il s’empresse de rompre la discussion afin de savourer le flot musical du clavecin.
mercredi 20 août 2008
أوّل رئيس في تاريخ الإنسانيّّ
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vendredi 15 août 2008
حال الرّوح
فظنّت أنّه يناديها,
فسجدت له و هي إلى يومنا الآن تتفانى في عبادته
lundi 11 août 2008
Ben Laden dans un taxi
- Consulat des Etats-Unis s’il sous plaît.
La voiture démarre et je devine que le monsieur a compris mon empressement. Tant mieux, me dis-je, le message est parvenu. Mais à peine fait-on quelques mètres que celui-ci me demande étonné :
- Hey ! c’est où ço ?
Sa question est tombée comme une pierre dans un lac. Les remous me parviennent et c’est là que je le regarde en préparant ma réponse et en me disant qu’il s’agit certainement d’un nouveau dans le domaine. Le monsieur est gros, dans la cinquantaine. Je parie que c’est un ancien maçon qui s’est blessé au travail et qui, avec l’indemnisation, s’est acheté un permis de taxi et c’est là qu’il a pris tout ce poids.
- C’est à côté du château Frontenac, vous connaissez ? J’ajoute avec ironie.
- Bah, lo, bien sûr, mais t’sais, ça fait 15 ains que je chauffe et je ne sais pas qu’il y a cté affaire lo par icett…
Je me tais tout de suite après afin d’éviter toute conversation, non pas de peur de le ralentir dans sa course, mais parce que je suis convaincu d’avance qu’il va me poser les mêmes questions, à moins que le chauffeur soit Maghrébin, ce qui est très courant ces dernières années : tu viens d’où, pourquoi tu es venu ici, ça te plait ici ? Quand est ce que tu pars chez toi, la semaine dernière j’ai mangé dans un resto arabe, il y avait une danseuse du ventre…. Blablabla.
Après deux feux verts passés et quelques coups d’œil jetés sur ma montre, le monsieur entame la discussion.
- Et quessé que tu vas faire là bo ?
- C’est pour un visa…
- C’est quoi ço ? pourquoi t’as besoin d’ço ?
- Pour aller aux États.
- Hey, on n’a po besoin de ço pour y aller.
- Moi si, puisque je n’ai pas la nationalité canadienne.
Sur ces mots, il me lorgne du coin de l’œil et me pose la question fatidique :
- Tu viens d’où ? parce qu’à l’accain, j’narrive po à vouair.
- Tunisie.
- Aouain ? la Tunisie… hey, c’est bien beau ço…
- Oui.
- Hey, t’sais… (et là, l’obus est lâché)… mouai lo, j’ai rien contre Ben Laden, et j’haïs les Amércains…
- Ok.
- Pis, j’comprends po pourquoi tu veux aller là bo…
- C’est pour un congrès.
- Oguey (Silence. Le monsieur semble ramasser ses mots). Hey… ne le prends pas mal lo, mais tu dois avoir une idée sur sa cachette…
- Cachette… de qui… quoi…
- De Ben Laden…
- Une chose est sûre, il n’est pas dans mon quartier (Les gens ont oublié Ben Laden et ses histoires et le voilà lui qui revient à la charge remuer le couteau dans la plaie).
- T’sais, si ça s’trouve, il est aux Étots.
- Peut-être.
Le silence reprend le dessus. Le chauffeur fait quelques manœuvres de dépassement à droite (comme il est de coutume de le faire ici), je regarde ma montre… 5 minutes passées… je suis nerveux, faut pas rater le rendez-vous, au risque de me voir annuler ma participation au congrès et de perdre le billet…
- T’sais, l’aut’ fois, j’ai embarqué trois Africains avec moi. Y avait des valises tellement lourdes lo… j’ai failli m’déboîter une épaule en voulant les porter. J’me d’mande ben c’qu’il peut y avoir là ddains…
- C’est peut-être des clandestins.
- Hein ? quoi ?
- Oui, il y en a qui mettent les membres de leur famille dans des valises pour les faire voyager clandestinement.
- Hey, ça s’peux-tu lo ? lâche-t-il avec étonnement mais sans trop me contester.
- Oui, tout est possible de nos jours.
- Ouain, parc’que, on dirait des blocs d’acier qu’ils avaient là ddains.
Silence… on arrive à destination. Je regarde le montant, 14$ 80, et lui tends un billet de dix et un de cinq, puis plonge ma main dans ma poche pour lui donner quelques pièces de pourboire, mais le chauffeur marmonne quelques mots :
- Hey, chez vous autres, vous donnez pas de tips ?
Là, j’ai arrêté ma main net dans ma poche, l’ai regardé dans les yeux et lui dis :
Non, t’sais, chez nous, il n’y a pas de taxis, les gens se déplacent à dos de chameaux.
Je claque la porte et presse le pas en direction du bâtiment d'en face.