dimanche 20 septembre 2015

Un éternel incompris

S'attabler, attendre le serveur qui vient, nonchalant, blasé. Demander l'assiette du pêcheur, mais le serveur entend l'assiette du bûcheron. 
- Non! le pêcheur! En le montrant sur le menu. 
- Ah! Le païchawr! 
- Oui, c'est ça, veuillez excuser ma prononciation. 
Il s'en va et revient aussitôt avec un plat sans passion composé par un cuisinier terne qui n'est là que pour payer ses factures. Manger, payer et partir, laissant las un monde insatisfait de ses propres choix, de cette prison que lui-même crée éternellement. Enfiler la seconde peau épaisse qui sache contenir la chaleur du corps face au froid du fleuve, mettre la tête sous l'eau, admirer les étoiles de mer élégamment posées au fond, les petits crabes roses, les crevettes et oursins, les teintes bleuâtres et rougeâtres qui réverbèrent dans cette immensité où se rencontrent la rivière, le fleuve et l'océan, assumer d'être un éternel incompris et vivre la liberté malgré le prix à payer...