
dimanche 29 novembre 2009
Minarets et angoisse de castration

vendredi 20 novembre 2009
Natura Rerum
En Amérique du nord, je suis un immigrant, en Afrique du nord, je suis un émigré, il n’y a que dans la mer que je suis moi-même.
jeudi 19 novembre 2009
Le Poète et le Tyran
Monsieur le Juge,
le prévenu a-t-il droit à une parole licite?
Comment, alors que vous m'interrompez
exigeant un non ou un oui...
Le droit, je vous le dis, votre Honneur,
Pour nous autres Arabes,
qui sommes Peuple amateur de préliminaires
avant toute réponse!
A présent, vous allez m'écouter...
Le marché, la grand-place, le ventre de la ville
grouillent de cette clameur :
La Justice, en mon pays, est inexistante
La Justice passa et s'en fut
La Justice a rejoint le Sein du Seigneur,
qui fit que nul n'est pérenne
fut-il Magnifique ou Tyran
Ne vous souciez point de ces mots,
Les gens sont saisis de fièvre délirante
et d'hallucinations
J'ai vu, quant à moi, de mes propres pupilles
ce que la cécité des mécréants ne saurait distinguer,
le fin mot de l'histoire :
La justice n'est pas absente,
c'est la cause qui est illusoire,
ou l'accusation, si vous préférez, qui peine à exister
condamnée qu'elle fut à la peine capitale
Nous sommes alors aujourd'hui jugés et condamnés
en manque d'accusation
comme l'Amant est en manque de sa bien-aimée,
Je me consume de désir pour une accusation savoureuse.
Monsieur le juge vénérable
scrutez bien avec moi ces fariboles
exercez votre perçant jugement :
L'on m'accuse d'avoir administré une torgnole
à une dame innocente,
de l'avoir gratifiée d'une ruade,
d'avoir tiré sa chevelure de sirène,
griffé ses joues de pomme rouge,
brisé ses côtes de gazelle...
Comment un poète peut-il commettre autant de fautes de goût?
Notre poète disait
"Nous aimons le pays comme nul ne l'aime"
Je réponds en contrepoint,
"J'aime les femmes comme nul ne les aime"
A toutes les femmes de la terre et des cieux j'ai chanté :
La foudre a tonné sur les contreforts du Kef
Son écho a atteint les confins des terres de Abid
J'ai cru entendre là le tonnerre de Dieu
c'était en fait le rire de ma bien-aimée
A la policière travestie je voudrais dire :
Tu es la bien-aimée, tu es le poème,
mais où se cèle donc la vérité?
Tu fus dure avec moi,
sans répit ni nuance
J'aurais préféré que tu me taxes d'assassin
ou de voleur de tout ce qui fut thésaurisé durant votre règne
Mais rosser une femme? Quel désastre!
Où donc se cèle la vérité?
La vérité est que je me suis aventuré
dans les recoins du palais du dragon
Une promenade devenue cauchemar sans issue
La vérité est que c'est une affaire
entre moi et Zaba le Grand,
souverain du pays
Une affaire qui concerne Hallaj le poète et le Tyran
Charlie Chaplin et le Dictateur
Shéherazade et Shahryar...
Dites à mon geôlier de ne pas se fâcher
Je ne suis, quant à moi, pas en colère
l'esprit en paix
non pas parce qu'innocent,
parce que coupable de l'avoir dépouillé
de ses derniers masques et parures
de l'avoir laissé nu comme un nouveau né
en proie aux moqueurs et aux ricanants
Ceux qui ne sont point familiers du soleil
sont atteint, à la lumière, de glaucome
Le soleil se lève, alors sauve toi, Vampire!
Buveur de sang!
Fuis! Fuis! Et fais ce qu'il te plait
Mes paroles sont libres
comme le souffle de la brise!
Aucune geôle ni aucune cage
ne peut retenir le fugitif qui te parle
de derrière ces barreaux :
Quand la récitation servile
sera étouffée par la Bonne Nouvelle
le Jour venu,
tu seras humble et poli...
Carthage, cette tombe lugubre où manque le cadavre...
L'idiot fléchira pour faire place à l'étendard et à la bataille
Tu lâcheras la bride à la démesure
et n'étouffera point le hennissement de ta monture
Elle porte en sa croupe un combattant...
Plaidoyer du détenu N° 5707
Bloc H, Aile 2, Cellule 2
Prison civile de Mornaguia
Taoufik Ben Brik
mardi 17 novembre 2009
vendredi 13 novembre 2009
Chronotope
lundi 2 novembre 2009
MOVUTU

Le nouveau système d'exploitation Movutu arrive bientôt. Il s'agit d'un système révolutionnaire sur tous les plans. Premièrement, le simple fait de l'installer vous épargne les maux et les tracasseries de réussir vos études, de vous trouver du boulot, de gravir les échelons et de briguer des postes de responsabilité, tout cela étant déjà garanti par le système en question. Ainsi, vous vous sentez en totale sécurité et vous aurez droit de regard sur vos voisins qui n'ont pas encore installé Movutu. Vous les inciterez à l'avoir, sinon vous les dénoncerez aux autorités qui prendront les mesures nécessaires et dissuasives pour toute résistance au système Movutu. Le système Movutu vous procure un immense plaisir en mettant à votre disposition un lexique concis et taillé sur mesure pour vous prémunir des attaques externes. Ainsi, les mots : État de droit, Transparence, Démocratie jeune et perfectible, Promouvoir et consolider les acquis de la modernité, renforcer la place et le rôle de la femme dans la société, promouvoir les jeunes, valoriser et mettre en place une structure équitable qui permet d'ancrer les valeurs de la justice dans l'infrastructure routière, etc. Le simple fait d'installer le système Movutu transforme tout en mauve, à commencer par les rues pour finir sur les plateaux de télévision en passant par vos propres sous-vêtements, vos savates, cravates, châles, sacs à main, mascara, etc. Vous arborez fièrement les habits des partisans du movutisme. Vive Movutu et le movutisme et à bas les récalcitrants, les méfiants et les sceptiques qui seront de plus en plus isolés. À bas les movutuphobes, les parasites qui salissent la surface mauve.
mardi 20 octobre 2009
اللّه أعلم
واحد قاعد علعتبة متاع حانوت الحومة، متعدّي فؤاد المهبول، تلفّتلو القاعد و سألو السّؤال متاع كلّ يوم: يافؤاد، ربّي موجود؟
و فؤاد جاوبو كي العادة و بكل أريحية، هازز يديه للسّماء:
اللّه أعلم.
ضحك الحيطيست، و مولى الحانوت كي العادة إستغفر مولاه.
lundi 7 septembre 2009
الإمام المشفر و بوس اليد
mercredi 2 septembre 2009
صدمة العودة للوطن2
dimanche 9 août 2009
صدمة العودة للوطن
mardi 7 juillet 2009
Chien gayouri

Un an de blogging déjà. J'en profite pour réchauffer un plat que j'ai posté à mes débuts:
PS: D'après ma petite expérience de blogging, j'ai constaté que plusieurs lecteurs prennent tout au premier degré. Alors je le dis, avec le recul, le texte que vous allez lire comporte beaucoup d'ironie et d'autodérision, inutile de chercher la haute trahison nationale ni le rejet des origines.
Chien gaiouri
Chien gaiouri, chiens arabesLe chien du couple de touristes allemands a de plus en plus du mal à circuler parmi la foule démente,
à se faufiler entre les jambes de la marée humaine qui déferle sur le trottoir où sont jonchées les étales des échoppes de l’artisanat, les attrape-touristes.
Le chien, essoufflé, essaie d’accélérer, traîne parfois, gêné par ces gens bruyants et par cette foule tonitruante.
Il n’en peut plus, la canicule lui brûle la tignasse, c’est du jamais vu.
Ici, tout est différent, les odeurs, la chaleur, le manque d’eau, les mouvements, etc.
Il est stressé, mais de peur de perdre ses maîtres, il prend son courage entre ses pattes et tente de tenir le coup.
Tout d’un coup, le pire arrive.
La dame échappe la laisse, et le chien se perd dans la foule.
Il jappe par petits coups, mais semble déjà loin.
Il se met à courir, mais ne prend pas la bonne direction pour se retrouver, quelques rues plus loin, dans un coin vide.
Il y a bien trop d’odeurs pour qu’il puisse détecter celles de ses maîtres.
Epuisé et découragé, mais surtout apeuré, il se cache derrière une grosse poubelle exhalant une odeur nauséabonde qui lui fait oublier le parfum de son shampooing et l’odeur de sa loge enrobée de satin dans lequel il avait l’habitude de se rouler avec le plus grand plaisir.
Soudain, deux chats dont un sans queue surgissent de la poubelle et bondissent à ses côtés.
Le plus gros des chats, un matou, le lorgne et lui montre ses dents. Le chien, effrayé, recule et pousse un petit cri de secours.
Le chat avance et le chien comprend le message. Il faut qu’il dégage de là.
Il n’est pas sur son territoire. Alors, il court, il court, lâche ses pattes au vent malgré l’exténuation, jusqu’à ce qu’il atterrisse dans un hangar abandonné.
Là, il peut se reposer en toute paix. Mais le calme ne dure pas longtemps.
A peine ferme-t-il les yeux, qu’un aboiement terrifiant retentit dans ce terrain vague.
Il ouvre les yeux et son cœur bondit et faillit s’arracher de sa loge.
Quatre chiens très maigres mais coriaces l’entourent.
Ils le regardent en se demandant ce que peut bien être ce genre d’animal.
C’est comme un chien sans l’âme d’un chien.
Le chef du groupe est un mâtin borgne qui perdit un œil lorsqu’il sauta sur la fesse d’un homme en short, le mordit et ne voulait pas le lâcher, les gens vinrent et un d’entre eux qui portait une carabine à oiseaux lui tira un coup.
Personne n’avait compris pourquoi le chien attaqua avec hargne le pauvre monsieur. Certains disaient qu’il serait atteint de rage, d’autres arguaient que le monsieur l’avait peut-être provoqué, mais il y en eut un, un vieux professeur de philosophie, qui attestait d’une crise existentielle canine.
Ce borgne s’avance à pas décidés et fait le tour de la bête apeurée de voir de telles créatures qui sentent fort et dont le regard lui transperce la rétine.
Le chien arabe s’approche de lui d’un coup et commence à lui renifler le derrière.
Les choses se sont déroulées très vites.
Les quatre chiens ont tiré leurs coups et abandonné le pauvre touriste pour repartir d’où ils sont venus, c’est-à-dire la rue.
Le chien allemand a du mal à avancer, c’est bien la première fois qu’une telle situation lui arrive.
Castré, ce dernier n’a jamais connu les plaisirs de l’amour et les chiens arabes ne savaient pas trop s’ils avaient affaire à un mâle ou à une femelle, mais étant donné qu’ils ne voulaient pas se couper les poils en quatre, ils se sont vidés les calebasses comme il faut.
Deux jours passent, et le chien allemand essaie tant bien que mal de trouver où passer la nuit sans se faire attaquer par la foule de gamins qui jouent sans arrêt, ni par les chats, chiens, rats et toutes sortes d’animaux bizarres et sauvages.
Mais le pire est encore à venir. Deux gamins, en plein midi, il fait 45 degrés à l’ombre, tracent le chien qu’ils trouvent différent.
Kelb gaiouri ! Un chien occidental, crient les gamins tous contents de trouver quelque chose d’exotique.
Ils ont trouvé leur cible idéale et commencent à tirer des coups de pierres avec leurs élastiques coincés entre le pouce et l’index.
Le chien reçoit les coups et essaie de courir de plus en plus vite, mais à la fin, un coup l’atteint à l’oreille gauche et le fait sonner.
Une blessure profonde lui jonche l’arrière du lobe auriculaire.
La douleur est insupportable mais le chien ne songe qu’à se cacher pour éviter d’autres blessures.
Il finit par se terrer derrière un réfrigérateur abandonné et rouillé jusqu’aux os, mais les gamins réussissent à le retrouver. Soudain, surgi de nulle part, le chien borgne grommelle et fait mine d’attaquer les deux gamins qui prennent la fuite sans se retourner.
Une semaine est passée et le chien allemand commence à s’habituer à son nouveau milieu et à ses nouveaux compagnons, les quatre chiens.
Un matin, deux messieurs s’approchent du quartier général des chiens errants en tenant des cages en bois et des bâtons.
Les chiens prennent la fuite et le dernier à courir est le chien allemand qui finit par tomber dans les mains des deux chasseurs.
Ces derniers le ramènent à ses maîtres et empochent la récompense.
Malgré la blessure, la saleté du chien et son regard absent, le couple de touristes est aux anges et ne cesse d’embrasser leur enfant chéri.
Mais à peine la dame le pose-t-elle sur le sol que ce dernier prend la fuite pour rejoindre ses amis et retrouver la rue et ses odeurs…
samedi 20 juin 2009
Roberto Benigni et la prise d'otages

vendredi 5 juin 2009
الخمر و الخمار

samedi 30 mai 2009
Lettre ouverte à Monsieur Le Premier ministre du Canada

mardi 26 mai 2009
Ligne de fuite

Les lignes de la route sinueuse filent, défilent et finissent par se rejoindre en un tracé flou qui échappe au regard fixe pour n’être qu’une ligne de fuite, vers un ailleurs indéterminé, terminé, vers un univers sans attaches, taches, ni brides, sans encombres, ni manières, sans relâche, lâches, ni points sombres, ombres, sans lisière ni absence torride, rides, des scarabées dans le vide, des mots sur des lignes, des lettres éparpillées, M, A, T, S… vers un infini, fini, ces lignes de fuite…
Le cœur bat de plus en plus fort à mesure que les jambes s’alternent, s’abattent et battent sur les bouts de métal, formant des cercles parallèles, invisibles à l’œil nu, mais que seul la ligne de fuite restitue, tue, les yeux pleurent à mesure que le vent se met en colère, de plus en plus frais, et la descente de plus en plus raide, défier le temps, en allant plus vite que lui, défier le vent en le transperçant de coups de pédales réguliers et ordonnés comme des soldats lavés, défier la pesanteur sur ce squelette de carbone, encore plus léger que le vent et qui lève comme les petites jupes pour montrer l’inconsistance de l’existence, la fragilité de l’âme, aiguisé comme une lame qui coupe le temps en deux.
Recroquevillé, les coudes formant deux carrés suspendus, le dos tourné au ciel, tel un animal qui fonce, agrippé sur cette machine légère, gère, coincée entre le bassin et les bras, comme on tient une femme jusqu’au râle final, jusqu’à l’extase du corps du mâle, et la fuite de la dame après le ratage, sans âge.
Il arrive à destination, nation, de l’errance, aporie de l’univers, vers, où s’entassent les bateaux prêts à prendre, rendre, la mer et jeter les voiles.
Il se faufile avec l’agilité d’un lynx dans les dédales de ces monstres triomphant par leur équilibre au sol, malgré la ligne de fuite, Thésée est prêt à affronter les cimes tendues, regarde de bas en haut s’élever le dérive, rive, qui semble soutenir la coque et le mât qui trône et dont la corde bouge au gré des vents, taureau qui a hâte de se détacher et de regagner son arène pour le combat, bat, final, mais ce prince des nuées majestueux comme il est ne peut se libérer.
Reprendre, rendre, route, chemin du retour, tour, suivre, ivre, les mêmes lignes, vélo exténué, nuées, mais genoux pistons s’activent, vent, pour fuir la tempête qui s’abat, colère de la reine de Saba.
mercredi 20 mai 2009
Bloguer ou bloquer
Parler ou se taire, avancer ou s’immobiliser, se lancer ou s’agripper, s’écrouler ou rebondir, réfléchir ou dormir, penser ou dé-penser, marquer ou marcher, changer de cap ou enjamber les haies, courir ou flâner, prendre ou comprendre, agir ou subir, tenir ou détenir, venir ou devenir, s’attacher ou se détacher, Bloguer ou bloquer? Là est la question!
jeudi 14 mai 2009
خنازير و لو طاروا
samedi 9 mai 2009
Arabophobie et francophilie
Débat de la 4e séance from CELAT on Vimeo.
jeudi 23 avril 2009
La censure sociale comme motif de création. Le cas de Making of de Nouri Bouzid

mardi 21 avril 2009
Con-plexe de supériorité
Johnny Mad Dog

vendredi 17 avril 2009
Bombardements sur la Tunisie
La nuit s’abattit très rapidement ne laissant pas au crépuscule le temps de dévoiler ses ailes de couleurs. Les petites rues de la station thermale dans laquelle nous avions pris l’habitude de louer une maison se vidèrent brusquement. J’étais seul dans la maison ; ma famille s’apprêtait à venir le lendemain. Je m’étendis sur le dos pour me coucher. J’étais mort de fatigue après une journée d’exploration dans les montagnes. Soudain, un bruit assourdissant secoua la nuit et me fit sursauter de mon lit. J’étais effrayé et mon pouls battait comme des coups de cymbale. Je repris enfin mon souffle en me disant que ce ne devait être qu’un de ces cauchemars qui me visitaient une ou deux fois par an. Je fermai ainsi les yeux et mon corps reprit sa position de fœtus, mais dès que le sommeil commençait à engourdir mes membres, un deuxième coup retentit dans la nuit. Ce fut un coup plus fort et plus assourdissant que le premier d’autant plus que j’étais à moitié réveillé. Il ressemblait à un bruit de tonnerre. Non ! je dirais plutôt à une bombe. Une bombe ? non ! non! C’est absurde ! ça doit être la carrière de pierres qui est de l’autre côté de la colline…
Cette idée me plaisait beaucoup et je réussis à me calmer, mais tout de suite après, je me rappelai que cette carrière était abandonnée depuis longtemps. A nouveau la peur m’écrasa la poitrine…un troisième coup. Le ciel semblait s’émietter en morceaux. J’avais envie de sortir voir ce qui se passait, mais la peur me paralysait et je ne pouvais que respirer par saccades. C’est la guerre ! me dis-je. J’entendis des bruits de machines ; ça doit être des chars d’assaut. Je me figeais encore plus dans mon lit… un quatrième coup retentit et fit vibrer les murs de la pièce et de mon cœur. Un silence. L’atmosphère devenait lourde. J’étouffais, mais j’étais curieux de voir la suite. Un instant après, j’entendis le bruit d’un hélicoptère qui passait juste au-dessus de ma tête. C’est la fin. Ça doit être les Israéliens qui nous bombardent comme ils l’ont fait en 1985. Mais est-ce possible ? Il n’y a pas de Palestiniens dans ce coin ! Un cinquième coup retentit. Mes oreilles auraient voulu se retrancher. C’était un bruit lourd à digérer tant par ses décibels que par son mystère.
Je revoyais toutes les images de guerre qu’on nous montrait à la télé et je priai Dieu le tout puissant. Je ne voulais pas mourir à l’âge de quatorze ans ; j’avais encore beaucoup de choses à découvrir dans ce monde. Paralysé par la terreur, je regardais le toit qui risquait de s’effondrer à tout moment et d’écraser ma petite cervelle d’adolescent… un deuxième hélicoptère passa. Je fermai les yeux et avalai ma salive. Ce sont peut-être les Français qui veulent récupérer leur ancienne terre colonisée depuis 1881. Non ! C’est absurde ! Depuis l’indépendance, on s’entend très bien avec la France. Que se passe-t-il alors ? Dois-je mourir sans savoir pourquoi ni comment ? Est-ce que la vérité va nous jouer un autre tour et échapper encore une fois de nos mains?
Cette fois-ci, j’entendis une rafale de balles de mitraillette. C’est la mort, c’est la fin ! Je pensais un moment que les Américains cherchaient Saddam Hussein. Non ! mais qu’est ce qu’il vient faire en Tunisie, ou bien ça doit être l’armée tunisienne qui combat les terroristes ? non ! c’est impossible ! Il n’y a pas de terroristes en Tunisie? Ils se sont peut-être introduits par la frontière algérienne…
Je tendis les oreilles. Plus rien. Le grand silence. Je ne pouvais plus dormir de peur de mourir. Je voulais m’enfuir, mais où ? Attente…angoisse… je regardais ma montre. Il était 4 h du matin. Je me levai sur la pointe des pieds. Je regardais par la fenêtre. Le fil blanc perçait déjà la noirceur du ciel et l’aube baillait et s’étirait les membres. Tout était calme dehors. Il n’y avait pas de traces de bombardement. Avais-je rêvé ? Tout ce vacarme n’était qu’illusion, que fiction? Je me précipitai de sortir pour m’assurer de ce songe. Je parcourais des yeux le lieu. Il n’y avait rien. Je me dirigeai vers la colline qui cachait l’immense paysage de forêt. Une fois là-haut, je me mettais à scruter les lieux et ma surprise fut stupéfiante de voir devant moi une série de chars parfaitement alignés. Ils visaient les collines d’en face. J’avais encore des doutes, mais tout se dissipa quand un soldat surgit tout d'un coup. Je ne l’avais pas vu venir. Je sursautai. Il souriait. Bonjour ! il n’y a pas d’épicier dans le coin ? je meurs de faim. Je restais perplexe ne sachant quoi répondre, puis je balbutiai quelques mots. Il ne me comprit pas. Je repris mes esprits et tendis le bras en direction de la carrière, mais, tout de suite après, je me repris et je lui indiquai la bonne direction cette fois-ci. Il me remercia et se dirigea tout droit vers le village de chaux. Je rebroussai chemin en pensant à tous les événements de la veille, puis j’éclatai de rire et je me rappelai qu’il y avait une caserne pas très loin du village et que c’était la période des essais militaires.
vendredi 10 avril 2009
Les peuples dominés et la notion d’habitus

Je ne prétends pas apporter une nouvelle théorie du maître et son esclave ni de la logique du pouvoir, mais à voir les scores des élections des régimes dictatoriaux qui frôlent l’unanimité parfaite, je me dis que plus jamais les peuples qui vivent sous ce genre de gouverne sont pris jusqu’à la moelle par un sentiment d’habitus dont ils ont tout le mal du monde à se défaire. Et là, le blâme est moins tourné vers le pouvoir, ou l’homme du pouvoir que vers le troupeau qui consent à laisser le loup le guider vers l’abîme. Pourquoi un tel comportement suicidaire? Et bien c’est l’habitus. Cette notion étayée dans les sciences sociales par Pierre Bourdieu se présente comme une disposition de l’esprit à garder le même état, la même situation héritée et de la perpétuer jusqu’à un infini abyssal. La seule action de cet habitus consiste à courber l’échine et à laisser faire arguant de la maxime qui dit : contente-toi de ton mal pour éviter d’en avoir un pire. Tiens, cela me rappelle la réaction (ou l’inaction) des femmes battues.
jeudi 2 avril 2009
Conversation type avec un citoyen typique
mercredi 25 mars 2009
Le compte rendu

Il prend sa place dans ce métro bleu qui glisse nonchalamment dans les entrailles de la ville. À cette heure de la journée, la foule est déjà affairée ailleurs. Il regarde sa montre, 10h30, il n’est pas pressé et, après plus de deux mois passés seul dans le Grand Nord, il a envie de socialiser. Il regarde le jeune homme assis à côté de lui et, voyant que ce dernier a la tête plongée dans ses documents, lui demande gentiment ce qu’il fait avec tous ces papiers qui semblent l’absorber. Le jeune homme répond malgré lui :
- Je... en fait, je prépare mon rapport de stage que je dois rendre demain à mon directeur.
- Ah. Ok, tu m’excuses alors si je t’ai dérangé!
- Oh, non, non, pas du tout. La curiosité ne m’a jamais posé problème.
- Donc tu es stagiaire.
- Pas tout à fait, non. Je suis en master et j’ai fait un travail sur le compte rendu des chercheurs d’université sur les programmes de subventions gouvernementales.
- Donc, si je comprends bien, tu fais un compte rendu sur leur compte rendu.
- Oui, on peut dire ça, oui.. c’est marrant... (rires).
- Et leur compte rendu vise quelle instance du gouvernement?
- Les haut-fonctionnaires qui se chargent des programmes de subventions.
- Ok, ok. Et ton directeur, il est pressé à ce point?
- Oui, parce qu’il doit déposer sa demande de subvention et a besoin d’inclure mon rapport de stage comme activité de recherche et d'encadrement.
- Et il va déposer sa demande auprès des haut-fonctionnaires chargés des subventions pour évaluer son dossier, c’est ça?
- Exactement.
- Heum! Intéressant tout ça. Alors, si je récapitule, les prof évaluent les haut-fonctionnaires, toi, tu évalues le travail des profs, ton prof évalue ton travail, et les haut-fonctionnaires évalueront son travail?
- C’est drôle, je n’y avais jamais pensé, mais c’est tout à fait ça.
- Donc, les haut-fonctionnaires s’évaluent eux-mêmes en fin de compte.
- Oui, en fin de compte rendu (rires).
Les portes du métro s’ouvrent, le jeune étudiant se presse de sortir et salue son voisin avec un grand sourire.
mardi 17 mars 2009
Le pape est un danger pour l'Humanité
lundi 16 mars 2009
Abdelkébir Khatibi est bien vivant

Je n'aime pas les oraisons funèbres, de par leur caractère funèste et factice, mais je me dois de dire quelques mots sur cet intellectuel dont le corps s'est tu, mais dont l'œuvre résonnera le plus loin possible dans l'univers des signes. Abdelkébir Khatibi vient d'achever son œuvre poétique et philosophique, il vient d'immortaliser "la bilangue" et "la différence intraitable", après avoir greffé "l'intersémioticité" du "tatouage", du "tapis" et de "la calligraphie" par "le graphe" de l'esprit, le graphe du transcrit, du mobile, par "le signifiant" sans fin, un signifiant ouvert et éclaté. Merci Khatibi pour cette œuvre, pour cette beauté et repose en paix parmi les grands de ce monde.