dimanche 28 février 2010

Post-féminisme et misandrie


À l'heure où des veuves en Inde sont cloîtrées et diabolisées, de jeunes femmes au Pakistan immolées, de jeunes filles dans certains villages subsahariens excisées, des Saoudiennes ne peuvent ni naviguer ni voyager seules ni conduire, une tunisienne qui, à cause d'une blague salace, est qualifiée de suppôt de Satan, je me permets de parler du féminisme phallophage au Québec. Je supporte le combat féministe ailleurs dans le monde, mais ici au pays de l'érable, je ne peux que m'indigner face à une campagne sans relâche de dénigrement de la gente masculine. Je ne vais pas pérorer sur les pratiques sociales, je me contenterai juste d'analyser deux spots publicitaires qui montrent bien l'image de l'homme telle qu'elle est façonnée par le féminisme québécois.
Le premier spot concerne une marque de nourriture pour chat. L'action se déroule à l'intérieur d'une maison et le message semble s'adresser aux dames. À gauche de l'écran est montrée une femme qui fait son entrée. À droite, un homme se tient accroupi sur l'accoudoir du canapé et, imitant un chat, il se caresse la gueule avec sa patte et fait mine d'être fâché de ne pas avoir eu sa nourriture préférée.
Dans le deuxième spot, on voit à gauche de l'écran une femme, au milieu un enfant et à droite un homme. Visiblement, il s'agit d'une famille installée devant la télé. Le mari fait une blague à caractère sexuel. La scène d'après montre le même homme couché sur le parquet au sous-sol et sa femme entre et demande à son fils de dire bonne nuit à papa, puis ferme la porte.
Dans les deux spots, la femme se trouve à gauche de l'écran et l'homme à droite. Selon un procédé de lecture écranique, le spectateur occidental déchiffre l'écran de gauche à droite et de haut en bas. Ainsi, c'est le premier signifiant à gauche de l'écran qui prend de la valeur et une position initiale. L'homme, dans les deux spots, est en retrait de l'écran. Il est dépossédé de l'espace intérieur qu'est la maison. Son rôle est secondaire. Il est ou perturbateur, tel un enfant agitateur, ou un animal gâté et râleur. Dans les deux spots, l'homme est puni par la femme. On déduit de ces messages que l'homme est immature, inconsistant, pervers, gourmand, irresponsable, se comporte comme un enfant, voire comme un animal domestique qu'il faut mater et punir.
Je sais que les publicités misogynes et machistes sont légion, mais ce n'est pas une raison de reproduire le même modèle inversé. Aussi, le féminisme investi dans des stratégies de marketing appelle-t-il à un inconscient collectif féminin qui, traumatisé par des siècles de phallocratie, voudrait inverser les rôles de domination. Et c'est exactement pour ces motifs là que le féminisme québécois ou le post-féminisme s'oppose radicalement au féminisme d'une certaine Simone de Beauvoir qui appelait à une véritable complicité et un échange complémentaire entre l'homme et la femme.
J'ai assisté il y a quelques semaines à une scène qui m'a intrigué et m'a amené à réfléchir sur le sort de l'homme occidental en général et québécois en particulier. Un couple de touristes québécois accompagnés de leur chien se sont arrêtés à quelques mètres devant moi. La femme a lancé une balle dans la mer et son mari et son chien ont fait la course pour la ramener. Elle a réitéré son geste et à chaque fois le mari et le chien s'acharnaient et se battaient pour avoir la balle sous les rires goguenards de la femme. Belle image qui reflète bien la situation intersexuelle au Québec!

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