vendredi 18 mars 2011

La St-Patrick et le chant islamique

© 3loullou

Aussitôt le cours terminé, je me pressai de quitter mes étudiants et de reprendre la route vers Montréal. Cependant, à peine je mis les pieds dehors, je vis passer des étudiants par petites bandes, habillés en vert, chantant et sautant de joie. Je me souvins alors que c’était la St-Patrick. J’eus l’idée d’aller faire un tour au downtown, histoire d’oublier mes préoccupations qui commençaient à peser sur mon moral : Tunisie, Libye, etc.

J’eus envie de me changer les idées. Sitôt pensé, sitôt fait, je me retrouvai, après à peine quelques centaines de mètres de marche, en plein cœur du quartier des bars. Bien qu’il soit d’habitude un peu morne, le quartier affichait des couleurs vives, du vert surtout, la fête battait son plein et les gens étaient tous dehors, aux terrasses des bars et sur les trottoirs. De chaque bar émanait un style de musique différent. À travers les vitres, on pouvait voir les musiciens jouer et ce fut ainsi que le promeneur avait le privilège de folâtrer d’un coin à l’autre sans s’engouffrer dans un bar au risque de se couper de ce qui se passait juste à côté. La majorité des filles était habillée de minijupes et montrait un généreux décolleté et les gars étaient attifés de longs chapeaux verts. Mais il n’y avait pas que les Irlandais qui étaient de la fête. La foule ne pouvait se contenter d’une seule corde, d’un seul son, d’un seul peuple au risque d’être perçue comme un bloc homogène. Des Caribéens, Anglais, Québécois, des Amérindiens qui mendiaient, etc. partageaient la bière avec les Irlandais. Ce fut moins l’envie de rester que celle de reprendre la route le plus tôt possible qui m’enjoignit de presser le pas et de laisser derrière moi tous ces gens joyeux et cette ambiance bon enfant. Les musiques des bars commençaient à s’atténuer et à me parvenir en sourdine jusqu’à ce qu’elles disparaissent laissant le calme envahir le quartier des ministères, des affaires et des ambassades. Soudain, ma surprise fut grande de percevoir un autre son de musique parvenir de loin et s’élever dans le ciel, signe que cela se passait en plein air. Je crus un instant que c’était encore la fête de la St-Patrick, mais en tendant plus l’oreille, je pus distinguer un chant islamique. Et oui, un chant islamique, les fameuses chansons a cappella, sans les instruments du diable. Je jetai un regard furtif sur ma montre et je pressai aussitôt le pas en direction de ces mélodies. J’avais encore une dizaine de minutes avant de partir. Après avoir traversé deux blocs de rue, en suivant le lieu de provenance de la musique (pratique que j’avais longtemps affûtée en me rendant aux mariages en Tunisie), je me retrouvai devant le parlement canadien. Le mystère ne faisait que s’accentuer et, malgré mon temps limité, je traversai la rue pour approcher encore plus la foule qui était amassée devant l’entrée du parlement. Je pus distinguer de loin quelques dizaines de personnes, des femmes voilées et des hommes barbus pour la plupart et qui chantaient, accompagnés d’un enregistrement et d'un mégaphone, des chants islamiques (vous savez, les fameux chants que les djihadistes mettent dans leurs vidéos en Tchétchénie). La foule était quadrillée ou plutôt protégée par deux voitures de police. Malheureusement, je ne pus distinguer les pancartes ni connaître l’objet du rassemblement. Comme j’étais pressé, je rebroussai vite chemin laissant derrière moi ce chant mélancolique à la limite du geignement. Ils étaient peut-être là pour la Libye... ou pour l’établissement d’un tribunal islamique (la demande fut gentiment refusée il y a quelques années). Cette idée me rappela mes préoccupations que je voulais enfouir en l’espace de quelques heures, mais les voilà qui rejaillirent de plus belle à tel point que ce chant islamique faillit m’émouvoir. Je me ressaisis en me disant qu’elle était belle la liberté, que c’était beau de voir dans une même ville autant de jeunes femmes en minijupes, de fêtes, de femmes voilées et de barbus qui manifestaient devant le parlement d’un gouvernement conservateur. Vive la liberté et vive la démocratie! On comprend mieux maintenant pourquoi nos chers islamistes tunisiens préférèrent Londres à Djedda. Mais seraient-ils en mesure, eux qui ont profité de cette liberté occidentale, de garantir les libertés une fois au pouvoir?

2 commentaires:

  1. Etant radicaux, les Islamistes seraient incapables de donner la liberté à Autrui. Ils sont fondamentalement contre tous ceux qui pensent différemment qu´eux, et du reste, sont-ils capables de penser.
    Et la pancarte ci-dessus en rouge reflète bien leur but. Le jour de la victoire du F.I.L.S algérien, son chef Abbassi Madani qui est arrivé par voie Démocratique a déclaré : "Maintenant, nous allons supprimer la démocratie, je vais nommer un conseil de 7 sages qui vont gérer toutes les institutions....."
    Et vous voulez qu´ils permettent des libertés ? Qu´ils commencent par donner la liberté des Cultes, une des plus fondamentales, et faire une constitution LAIQUE.
    Après, on pourraient "peut-ètre" les rejuger !

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  2. En fait, ma question est oratoire (ironique) et la réponse est malheureusement connue.

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