dimanche 5 décembre 2010

Vint temps



Photo: iStockphoto

Vint temps

Visages austères,

Mauvaises mines,

Lobes frontaux préoccupés par le train quotidien, les factures à payer, les courses à faire, les cadeaux de Noël à acheter, les rénovations à effectuer au sous-sol, les vacances rêvées dans le Sud, où Grosses bedaines se prélassent au soleil en ingurgitant un cocktail des Caraïbes à faire gonfler les clitoris des femelles venues se taper les gigolos d’ébène;

Lecture machinale du journal gratuit distribué à l’entrée par un sexagénaire qui fait des heures payé au salaire minimum de peur de trop puiser dans sa cagnotte de retraite, ne sachant pas combien de temps il lui reste à vivre;

Yeux plongés dans un gros livre de science fiction,

Doigts agiles s’agitent et s’alternent comme les pattes d’un scolopendre pour enfoncer les touches d’un téléphone intelligent;

Têtes se bercent au son d’une musique inaudible sous un casque de pilote d’avion;

Regards fixent le plafond et ils sont légion, d’autres regards lisent et relisent les panneaux publicitaires électroniques où la concurrence des universités se fait rude et côtoie celle des agences de voyage qui miroitent des vacances de rêve dans le Sud, où les grosses bedaines se prélassent au soleil en ingurgitant un cocktail des Caraïbes à faire bander les mâles venues se taper les gigolottes d’ébène;

Mêmes têtes descendent et remontent,

Même rythme berce la foule qui va au front après avoir gobé un café filtre sans sucre;

Mêmes chaussures se croisent et se décroisent, se touchent et se subductent pour tatouer dans l’éphémère le trajet de l’Autre;

Étourdissant décolleté ne trouve pas œil qui vive,

Étonnant silence règne et surpasse les décibels des roulements sur les rails dont le grincement se fait sentir d’un coup et faille faire tomber cette masse à moitié endormie et achever la subduction tâtonnante;

Yeux se réveillent,

Corps gigotent pour se remettre en place,

Étonnement mêlé d’effroi contamine toutes les rames;

Regards se croisent,

Doigts figent,

Yeux se baladent dans les quatre coins,

Jambes sont fébriles,

Chaussures se démêlent et Minutes durent une éternité.

« Un incident cause un ralentissement du service sur la ligne orange en direction de Montmorency. Veuillez nous excuser de ce contretemps et la reprise du trafic ne saura tarder, merci. », lance une voix monotone dans les haut-parleurs.

Regard collectif est porté aux montres,

Temps est sollicité, on lui demande des comptes, on veut qu’il s’arrête, on aimerait arrêter le chronomètre et ne pas compter le temps mort.

Une demi-heure plus tard, le métro reprend sa course, le chauffeur traumatisé a été remplacé par un autre, les passagers n’ont pas encore compris la cause de cet arrêt brusque que les préoccupations quotidiennes de courses, cadeaux, factures, vacances reprennent.

3 commentaires:

  1. Faut bien que la vie recommence. La connerie humaine n'a pas de limite. S'y arrêter pour la comprendre et la décortiquer, pour l'observer et l'analyser n'est pas une besogne facile pour le commun des mortels. En attendant de trouver celui qui l'appréciera à sa juste valeur, vaquons à nos préoccupations.

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  2. C'est une pensée aux gens qui se jettent devant le métro et dont le corps est ramassé quelques minutes après pour que le rythme normal reprenne comme si de rien n'était. Merci Conformiste Rebelle du commentaire.

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  3. Le T r i s t e transformé en B e a u (et donc en V r a i), parcours bien réussi!!!

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