mercredi 29 décembre 2010

Movutu et le téléphone

Yeux de poisson mort, regard qui tente de fixer le téléprompteur un peu trop rapide pour son cerveau de flic, ton ferme et mots martelés comme un automate. Soudain, le téléphone sonne, le regard se crispe, les mains s'agitent, il ne sait plus comment se tenir. Il avance tout le haut du corps au dessus du bureau dans l'espoir d'être plus convaincant, il se balance ensuite nerveusement sur sa chaise pour poser les coudes sur le bureau. Il jette des regards furtifs en gardant la tête immobile vers des points abstraits. Il doit se demander: « Mais... que se passe-t-il? Pourquoi m'appelle-t-on à ce moment-ci? Est-ce grave? Le peuple est-il déjà aux portes du palais? Serait-ce la fin? Viendrait-on me limoger avec des médecins comme j'ai fait avec mon prédécesseur? Et que se passerait-il après? Serais-je capable de sortir l'argent du pays et de mener une vie paisible à Malte ou à Dubaï? Irais-je en prison? Je suis dégoûté, le putain de téléphone n'arrête pas de sonner, j'ai envie d'exploser. Si je suis encore en place, je limogerai tout le monde, cette bande d'incompétents... ». Tout ce monologue s'est passé durant les minutes où il scrutait l'écran sur lequel des phrases toutes faites et apprises par coeur défilaient.

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