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Parlons un peu d’André Arthur, de Québec, des
cyclistes et du gazon. On voit tout de suite poindre le lien logique
de ce quatuor inséparable. André Arthur et Québec sont allergiques
aux coureurs à deux roues. André Arthur à Québec avec de surcroît
un micro est un danger imminent pour les cyclistes. Et le gazon dans
tout ça? Attendez un peu!
Il y a quelques années, j’ai demandé à un ami
de Québec la raison des gros klaxons de certains bêtas à chaque
fois qu’ils arrivent au niveau d'un cycliste. Si ce ne sont pas des
klaxons, ce sont carrément des coups de volant ou même des mégots
de cigarettes lancés, surtout quand le cycliste a le malheur de
rentrer du boulot à vélo le jeudi soir vers minuit sur la
Grande-Allée – gros bazar des douchebags –. Évidemment, pas
besoin de parler des portières ouvertes pour l'accueillir et si ce
dernier est mécontent, on le gratifie d’un doigt d’honneur –
D'ailleurs, pourquoi appelle-t-on ce geste primitif un doigt
d’honneur? L’honneur est-il sauf par cet ersatz de phallus? –
L'ami en question m’a répondu sur un ton fataliste et
déconcertant : «Mais, on leur dit de faire ça sur les
radios-poubelles ». Voilà, encore ces radios-poubelles,
responsables de tous les maux!
Dans cette suite logique, les récents propos
d’André Arthur, qui incite au meurtre en demandant impérativement
de soulager les cyclistes en leur passant dessus, confirment le
cocktail entre Québec, André Arthur et les cyclistes. Les cyclistes
seraient ainsi des gens qui souffrent et qui aiment souffrir en
empiétant sur le territoire des vrais citoyens – payeurs de taxes
et tondeurs de gazon – voilà que le gazon point malgré la tonte
forcée.
En tant que cycliste quatre saisons, les propos de
cet homo sapiens me poussent à réfléchir sur sa façon de
réfléchir. Toutefois, devant la vacuité de sa réflexion, je me
dis qu’il ne faut plus chercher les causes, mais plutôt s’attaquer
directement aux symptômes avec une thérapie de choc. On pourrait
ainsi faire fléchir le mâle bêta sans sanction aucune. Car la
sanction ne ferait qu’augmenter la frustration de ses acolytes, qui
le sont déjà assez pour des problèmes de bite, de gazon – encore
le gazon –, d’immigrés et de féministes. Surtout quand leurs
femmes se font buriner la caverne par un cycliste pendant qu’eux
castrent le gazon avec leurs machines et chassent la moindre mauvaise
herbe à coup de pesticides. Le bruit de la tondeuse étant plus fort
que celui des gémissements, ils n’y voient que dalle et tous les
matins, ils branchent leurs quelques neurones à leur radio-poubelle
dans leurs grosses machines utilitaires sport (sport?) en rêvant
gaillardement d’écraser un cycliste. À défaut de pouvoir le
faire, ils se contentent de dresser le majeur droit comme pour
compenser la mollesse phallique qui les assaille.
Après mûre réflexion et moult digressions, voici
la thérapie de choc que je propose : Tous les cyclistes, ces
acharnés de la route qui ne paient pas une cent pour rouler sur
l’asphalte payé de la sueur des honnêtes automobilistes
banlieusards et libertariens du tout – ces coupeurs d'herbe des
temps modernes –, devraient cotiser pour payer un séjour de six
mois à Amsterdam au gourou André Arthur. – Il ne faut pas
s’inquiéter car ce dernier trouverait bien le moyen de se faire
payer en étant absent de son travail. Après tout, c’est un
habitué du travail buissonnier, lui l’ancien député fédéral
qui n’était presque jamais présent à l’Assemblée. Pour un
libertarien, profiter des largesses de l’État tout en voulant
éliminer ce dernier est un devoir. Pourrait-il en faire de même
avec son employeur L’entreprise, Dieu absolu des libertariens? –
Bon, je divague. Revenons à nos vélos!
Pour compléter la thérapie, on devrait aussi lui
payer un vélo là-bas et le forcer à pédaler tous les jours. Au
début, il risque de trouver ça dur, tannant, dangereux, etc. mais
il finira par s’y habituer, surtout s’il rencontre une ou un
cycliste avec qui il pourrait échanger ses liquides. Imaginez cet
André, après son séjour vélocistique! Une fois de retour, il
pourrait devenir lui aussi un cycliste quatre saisons. Mais bon, il
courrait quand même un risque de se faire écraser par un de ses
auditeurs trop pressé d'aller tondre sa pelouse – Vous voyez le
lien logique maintenant? – Au moins, on aurait un nouveau Totem et
ainsi il serait adulé tout aussi bien par les tourneurs de roue que
par les coupeurs de gazon.
Alé Abdalla
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