Survoler côtes de Sardaigne, eau limpide qui invite foetus à y retourner, ciel bleu mer complice, île de La Galite jetée seule comme une exilée entre deux terres, côtes de Bizerte, Golfe de Tunis, marécages, eau stagnante jonchée de détritus.
Villas somptueuses avec piscines, aéroport qui baille, personnel à bedaine fumant et discutant de foot, regardant montre chaque minute, température enveloppante, chaleureuse, gueule de bois de douanier frustré de voir autant de voyageurs alors qu'il est cloîtré dans sa boîte, taxiste paresseux, cupide et escroc, voitures rebelles contrastant avec esprits agneaux, feu rouge blasphémé, rues exigües où s'entassent chevaux mécaniques énervés, odeur de naphtaline psychotrope.
Bâtisses lugubres, tour arrogante avec grande inscription en rouge qui la surplombe: République de Connards Demi-crottes, guichets automatiques squattés par des chômeurs le soir, chats errants aux yeux qui brillent, chats noirs disparus pour sorcellerie, servant de recette, de GPS Tracker de trésors phéniciens enfouis sous les maisons décrépies.
Femmes emmitouflées, connasses consentantes, auto-oppression, vagins déambulant sous le regard salace des chichas installées sur trottoir devenu terrasse, mots invoquant dieu riment avec geste permanent obscène, tripotage de bite, vérification inconsciente, résidus du trauma d'une ablation fêtée en grande pompe, quelques jeans moulants jetant un défi à une société de plus en plus conformiste.
Petite fille couchée au milieu du GP1 pendant que le frère tente d'écouler les quelques pains tabouna, Bentley coupée, Cayenne vrombissante, insouciance générale, grands posters d'un vieux con aux cheveux teints et au visage maquillé tel une momie qui se croit Pharaon.
Marché aux poissons, plage calme et propre, mer un peu froide mais accueillante.
Connards de barbus cafteurs qui surveillent, voisinage curieux et féru de commérages, regards curieux, fruits exquis, fenouils frais, générosité indétrônable des connaissances, fous-sages errants, gens ordinaires en camisoles de force invisibles à l'oeil nu, mouettes et flamands se régalant dans la vase, appels à la prière, feuilletons turcs lobotomisants, prêcheur poussiéreux bavant sur des milliers de téléviseurs.
Plongée dans une eau froide, universitaires vendus, d'autres brillants, historien payé pour dire des bêtises, intellectuels engagés, jeunes cinéastes de talent, Familia Production au plus haut de son art, acteurs imposants, courant dans tous les sens sur une scène trop contraignante, retrouvailles.
Chauffeur de taxi craignant les attaques de nuit, plantant tournevis dans tableau de bord, gamin rackettant, Valium, psychotrope des pauvres, dinde, bouffe d'un peuple apathique.
Étudiants africains sapés, insouciants du regard méprisant, touristes espagnols dans la Médina, assaillis par des vendeurs désespérés.
Lagune, colline, route mal goudronnée, policiers écrivant des SMS à une fiancée insatisfaite, moustache et bedaine débordantes, bienvenie en Tinisie.
Chemin du retour, du redépart, du réexil après le désexil, du taghrib, du chemin de l'Occident mécréant, douanes, avions, volcan évité, etc.