J’ai assisté hier au tout dernier spectacle de Dieudonné intitulé J’ai fait l’con. Evidemment, il ne s’agit nullement de remords ni de remise en question, comme le laisse croire le titre. L’artiste continue à lancer sa machine à broyer le système. A qui le tour maintenant ? Tout le monde y passe. Au premier degré, ce sont les autochtones et à leur tête les Pygmées qui paient les frais, mais la vraie cible, ce sont le capitalisme, les entreprises occidentales et bien sûr, les présidents africains. Un réquisitoire troublant contre ces systèmes corrompus ou corrupteurs. Durant toute la prestation, les spectateurs, et moi compris, ne savaient plus s’ils devaient rire ou pleurer, et ils finirent par rire en se sentant coupables. Il a joué sur l’émotion, et a frappé fort avec des associations trash. Il a choqué, troublé, fait couler les larmes de rire (ou d’indignation plus tard), bref, son spectacle est tout sauf un banal one man show d’humour. C’est du théâtre de haut niveau où le verbe prend son envol et finit sa cascade avec un poème d’un kamikaze palestinien slamé à la façon de Claude Nougaro, son ami à qui il rend hommage à chaque fois. Dieudonné est plus que jamais au sommet de sa forme artistique. Et la polémique du baptême de sa fille par J.M. Le Pen n’est qu’un coup de bleuf, un leurre, un préambule au spectacle. Décidément, l’homme ne descend jamais de sa scène même dans sa vie privée.
vendredi 31 octobre 2008
Le pleurer-rire de Dieudonné
vendredi 24 octobre 2008
La Francophonie a le SIDA
jeudi 16 octobre 2008
توضيح و تفسير
أوّلا الكلام إلّي كتبتو لهنا كتبو شاعر جزائري عنده مدّة و نسيت شنوّة إسمه و الكتاب تنشر. و معذرة إذا بعض القرّاء صدمتهم الكلمة. أنا إستعملتها في سياق لغوي و مش إستعمال بذيء و هيّ الكلمة الوحيدةإلي تؤدّي المعنى البيولوجي على عكس قضيب أو العضو الذّكري و هذا يدلّ على أنّا حضارة تخاف من الكلام المباشر و تعوّضوبكلام إيحائي و من ناحية أخرى الكلام المباشر يصبح صالح للشّتم و البذائة فقط. و كلمة رب و فوقها نقطة موجودة في القاموس. و آنا غايتي كي كتبتها هيّ كسرا لقيد إلّي تفرض على بعض الكلمات إلي إستعمالها أصبح محدود جدّا و يدلّ على كبت و عقد متغلغلة في اللّاوعي الجماعي و الإجتماعي. أمّا بالنّسبة للتّقارب الفونولوجي بين الكلمتين هوّ مستوحى من طريقة إبن عربي في تفسير الألفاظ و لّي تتسمّى التفكيكية. و ممبعد حبّيت نقول بالفلّاقي الصّريح إلّي ديما في مجتمعاتنا العربية والإسلامية يقع خلط قمعي للدّين و الجنس, الدين معتقد روحاني و الجنس علم.
Je suis réellement surpris et abasourdi par la réaction de certains lecteurs face à ce que j’ai écrit hier ici. Je trouve la réaction excessive, et il y en a même qui ont publié des posts à ce propos en me qualifiant de tous les noms et en comparant ce que j’ai écrit aux caricatures du prophète. Il ne manquait que la fatwa pour me lapider. Je ne comprends pas si c’est le mot pénis qui a le plus choqué ou si c’est l’association entre pénis et dieu, et l’homonymie arabe nous permet de jouer sur les mots et de relever le point qui fait la différence. C’est ce point là qui agit, qui produit, il n’est pas juste un concept absurde. Bref, je ne veux pas me lancer dans une analyse des sèmes ni dans une sémiologie hermétique, étant donné que le lectorat est hétérogène. Je veux juste dire que cette association entre dieu et pénis a déjà été faite et publiée depuis longtemps par un poète algérien dont j’ai oublié le nom. La pertinence de cette concomitance, c’est qu’elle laisse le champ libre à une déconstruction du sens, technique très prisée par le philosophe Ibn Arabi au 12e siècle. Faut-il croire qu’aujourd’hui sous prétexte que la simple appellation des parties génitales soulève un tollé général ? Alors que dire de Cheikh Néfzaoui qui, dans son Jardin parfumé classait les organes génitaux sous des appellations fort explicites et c’était à la demande du souverain hafside de Tunis au 15e siècle ?
Pour revenir à l’association des deux mots, je voulais tout simplement montrer le dictat de la religion sur la sexualité et en contrepartie, le cloisonnement que subit cette dernière. Le drame du monde musulman est qu’il pense dieu avec le sexe et le sexe avec dieu, d’où le rapprochement phonétique entre les deux. De cette confusion née une volonté de cacher, de voiler les choses les plus banales de la vie, d’occulter la dimension scientifique, psychique et sociale de la sexualité au profit d’une projection immuable de la doxa religieuse sur les rapports qui régissent un homme et une femme d’un point de vue sexuel. Je voulais montrer, puisqu’il faut tout expliquer, que la réflexion est occultée par un réflexe, l’entendement par un cafouillage sexuel et identitaire, et la sexualité par une somme de frustrations projetées dans une série de dogmes aliénants. Et tout réside dans le point, le point qui fait la différence, le point qui fait trembler les esprits humains (je suis tenté de dire le point de non retour.) Mon estime de Dieu, qui est un concept magnifique, est trop haute pour accepter une telle imposture. Donc, faut-il se taire et laisser les absurdités de l’esprit humain gagner tout l’espace social (ou virtuel) ? Ou bien agir, quitte à offusquer certains et à bouleverser d’autres ? Je ne prétends pas faire la révolution d’une société, mais je crois humblement qu’une civilisation qui ne sait pas se révolter contre ses dogmes, qui ne sait pas se libérer de ses tabous, qui ne sait pas se critiquer, est vouée à disparaitre et, malheureusement, la culture agonise pour laisser place à un vide, à un monde où on gomme le point pour ne plus faire la différence entre le créateur et l’organe procréateur.
Dans un tout autre ordre d’idées, il est curieux de voir que les deux mots que j’ai écrits ont généré le plus grand nombre de visites quotidiennes depuis le début (plus de 150 visiteurs en une journée). Cet engouement suscité, mélangé à une indignation quasi-générale, montre le malaise dans la civilisation (pour emprunter le terme à Sigmund Freud).
PS : Certains m’ont reproché mon langage cru arguant du fait qu’il se trouve sur la blogosphère tunisienne des femmes et des jeunes… Premièrement, je n’écris pas pour tn-blogs, même si plus de 80% des lecteurs proviennent de là. J’écris pour tout le monde et je ne fais pas d’émission sur Tunis 7. Ceux qui se sentent offusqués en voyant mes titres n’ont qu’à ne pas cliquer sur le post. Et là, je m’adresse à l’agrégateur de tn-blogs, Houssein, pour lui dire que si mes posts choquent la bienséance et dérangent tant, qu’il m’enlève de tn-blogs, mais je continuerais à blogger quand même.
Ma dernière remarque concerne les anonymes (âne-onymes) qui puisent systématiquement du registre de l’homosexualité pour insulter (j’ai supprimé au passage les commentaires très vulgaires). Ces derniers montrent, à travers la récurrente référence (obsédante et obsessive) à l’homosexualité, qu’ils fuient cette déviance latente en eux en la projetant sur les autres afin de se déculpabiliser. Serait-ce une tentative de rapt ou de viol dont ils ont été victimes à l’enfance qui engendre ce comportement ? Dieu seul le sait.
mardi 14 octobre 2008
Démocratie pour les nuls
samedi 11 octobre 2008
Le Saumon pour survivre, la bière pour vivre
Je m’avance vers le comptoir de poisson où des barquettes de filet de saumon sont étalées, aguichantes avec leur prix au rabais. Je m’immobilise un moment, et aussitôt que je tends la main pour en saisir une, un monsieur dans la soixantaine surgit de nulle part et se met à côté de moi, il en saisit une lui aussi, me regarde et fait comme il se met en équipe avec moi en s’adressant au poissonnier sur un ton ferme :
Mais c’est ben trop gros ço pour moi. Lance-t-il. Je veux la moitié de t’ço, moi.
Le poissonnier lui sort la phrase magique :
C’est ça le format, il n’y a pas plus petit que deux livres (un kilogramme à peu près)
Ouain, mais j’ai vu dans l’circulaire, que c’est deux livres.
Oui, c’est ça, deux livres ou plus.
Non, mais c’est trop, je veux la moitié, coupe ço en deux.
Je peux pas monsieur.
Sentant que le vieillard commence à perdre patience, je renonce à ma barquette de deux livres et propose au poissonnier de partager le paquet entre nous deux, comme ça, il n’a qu’à diviser le prix en deux, sans contrevenir aux règlements du supermarché. Le poissonnier s’exécute, et le monsieur, mon coéquipier, comme quelqu’un qui vient de marquer un point, me regarde du dessous de sa casquette de baseball et dit :
Ouain ! lo, c’est bon pour moi, l’aut’ paquet est ben trop gros lo.
J’acquiesce avec un sourire et saisis ma part de saumon en lui souhaitant une bonne soirée. Pendant une seconde, en lui tournant le dos, je me demande ce que je pourrais bien faire avec un petit morceau de saumon parce que, contrairement au vieux monsieur, je ne vis pas seul. Mais l’idée d’avoir arrangé la situation me donne déjà satisfaction. Je passe à la caisse et avant de partir, je regarde derrière moi. Le vieux monsieur du saumon est là, il immobilise son caddy où logent trois caisses de bières de 24 chacune, et au-dessus, le petit paquet de saumon, gentiment posé comme pour les accompagner. Quelques instants après, je retrouve le même vieux monsieur du saumon et des bières. Ce dernier monte dans un taxi pour une course qui doit lui coûter 15 ou 20$ au minimum. Je reste figé un moment, surpris et perplexe, mais mon état ne dure pas longtemps quand je me suis rappelé qu’on est au début du mois et que le vieux monsieur du saumon, des bières, le client du taxi à la barbe grise, vient probablement d’encaisser son chèque mensuel de l’aide sociale.